En Chine, l’appli anti-Covid de traçage des déplacements prend fin

L’application « Carte des déplacements » qui est utilisée pour suivre les déplacements dans les zones où il y a des cas de Covid-19, avant qu’elle ne soit retirée le 13 décembre.
STR / AFP L’application « Carte des déplacements » qui est utilisée pour suivre les déplacements dans les zones où il y a des cas de Covid-19, avant qu’elle ne soit retirée le 13 décembre.

CHINE - Le gouvernement chinois lâche encore du lest. Alors que le nombre de cas semble exploser à nouveau en Chine, le gouvernement de Xi Jinping a annoncé ce lundi 12 décembre l’arrêt de la principale application anti-Covid-19 de suivi des déplacements, utilisée notamment pour vérifier si les habitants sont passés par une zone touchée.

Appelée « Carte des déplacements », l’application se basait sur le bornage téléphonique et permettait à ses utilisateurs de montrer à leurs interlocuteurs (hôtel, bâtiment, centre commercial) les villes dans lesquelles ils s’étaient rendus durant les sept derniers jours. Et si aucun de ces lieux n’était classé « à haut risque » (c’est-à-dire avec un grand nombre de cas), l’application affichait une flèche verte, synonyme de passage autorisé.

Cette fameuse « Carte des déplacements », sous la responsabilité du gouvernement central, sera désactivée à partir de mardi matin minuit, après plus de deux ans et demi de service, selon un communiqué officiel.

Virage radical

Cette décision intervient après l’annonce mercredi par la Chine d’un assouplissement soudain et radical de plusieurs mesures sanitaires. S’éloignant de manière très nette de sa politique « zéro Covid » destinée à éviter tout décès.

Le gouvernement avait notamment annoncé la fin des confinements à grande échelle et l’arrêt des placements systématiques des personnes testées positives dans des centres de quarantaine - des établissements décriés, au confort très variable. Des mesures prises après plusieurs jours de contestation dans plusieurs villes du pays.

Une annonce d’autant plus curieuse que le nombre de cas positifs au Covid-19 semble de nouveau flamber en Chine, à une échelle encore difficile à évaluer car les tests PCR ne sont désormais plus obligatoires et les particuliers n’informent que rarement les autorités de leurs autotests positifs.

À ce titre, le ministère de la Santé a rapporté lundi 8.626 nouveaux cas locaux de personnes testées positives en Chine. Ce chiffre connaît une forte chute ces derniers jours mais ne reflète pas la réalité de la vague épidémique actuelle, qui passe sous les radars statistiques.

« Bon débarras »

L’une des figures les plus respectées en Chine de la lutte anti-Covid, le spécialiste des maladies respiratoires Zhong Nanshan, a ainsi indiqué dimanche que le variant Omicron se « propageait rapidement » dans le pays.

Jusqu’à la semaine dernière, la plupart des Chinois ne connaissaient personne de leur entourage ayant jamais eu le Covid. Mais depuis quelques jours, de manière extrêmement subite, l’inverse se produit, notamment à Pékin, a constaté l’AFP.

La « Carte des déplacements », application nationale souvent utilisée pour les voyages inter-provinces, évoluait en parallèle des applications locales, qui continuent de fonctionner et sont les principales utilisées au quotidien pour entrer dans restaurants, magasins et bâtiments. « Ciao ciao ! Tout ça signale la fin d’une époque », réagissait ce lundi un utilisateur du réseau social Weibo. « Bon débarras », déclarait une autre internaute, ravie de la disparition de la « Carte des déplacements ».

« Prochaine étape : faire disparaître toutes ces applications locales », soulignait une troisième. Certains internautes se demandaient toutefois ce qui adviendra de la masse de données collectées par l’application. « J’espère qu’il y aura des moyens et des mesures pour se déconnecter et supprimer tout ça », soulignait un utilisateur.

« Les données sont toujours là »

Lancée début 2020, l’application était alimentée par les données de bornage téléphonique des trois opérateurs mobiles chinois. Toutefois, le flou demeure sur la conservation des données et sur la poursuite ou non de leur collecte. Car l’application en elle-même ne collectait rien, elle n’était que l’interface qui permettait d’afficher les résultats de la collecte d’informations.

« L’application peut disparaître, mais les données sont toujours là », souligne ainsi l’analyste Kendra Schaefer, spécialiste du sujet au sein du cabinet pékinois Trivium China. Le gouvernement « gagne plus qu’il ne perd en se débarrassant » de cette application car « le coût de la maintenance d’un tel système doit être énormissime », ajoute-t-elle sur Twitter.

« Est-ce que ces données vont se transformer en un autre système de suivi ? On pourrait dire que c’est déjà le cas. Car ces mêmes ensembles de données sont déjà utilisés dans des tonnes d’applications (en Chine), dont beaucoup sont bénéfiques à la société, mais certaines sont orientées vers la surveillance de masse ».

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