La Chine connaît la pire vague de chaleur de son histoire, selon ces chercheurs

La Chine n’a pas connu une telle canicule depuis au moins 60 ans.
WHO La Chine n’a pas connu une telle canicule depuis au moins 60 ans.

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La Chine n’a pas connu une telle canicule depuis au moins 60 ans.

ENVIRONNEMENT - « L’intensité, l’impact, l’ampleur et la durée de la vague de chaleur en Chine cet été ont battu tous les records », écrit l’Organisation météorologique mondiale dans un tweet publié ce lundi 22 août. Le pays est frappé par une canicule et une sécheresse extrêmes depuis plus de 70 jours consécutifs, du jamais-vu en Chine.

Depuis que le Centre national du climat chinois a commencé à tenir des registres en 1961, jamais une canicule aussi longue n’avait été répertoriée. Cette semaine, plus de 240 villes ont annoncé des températures supérieures à 40 °C.

100 millions de personnes touchées

De nouveaux records historiques sont tombés dimanche 21 août, notamment dans la province du Sichuan, note Andrew Freedman, journaliste expert des questions climatiques pour le média d’information américain Axios : « Gao a atteint 43,5 °C », « la température record de 41 °C a été enregistrée dimanche à Mianyang », « à Beibei, la température a atteint 45 °C les 19 et 20 août », énumère-t-il.

Le spécialiste ajoute que cette vague de chaleur a également établi des records en termes de portée géographique, puisque près de 40°C ont été enregistrés sur près de 800 000 km² en Chine. « Cela équivaut à la superficie des États du Texas, du Colorado et de la Californie réunis » et touche plus de 100 millions de personnes.

Les chercheurs sont unanimes, cette vague de chaleur n’a pas de précédent : « Il n’y a rien de comparable à la vague de chaleur de l’été 2022 en Chine en termes d’intensité, de durée, d’étendue géographique et de nombre de personnes touchées », a déclaré le météorologue Bob Henson à Axios. Colin McCarthy, expert en sciences atmosphériques, pense même que « l’intensité, la durée, l’ampleur et l’impact combinés de cette vague de chaleur sont sans commune mesure avec ce que l’homme n’a jamais enregistré », écrit-il sur Twitter.

Le plus grand fleuve de Chine à sec

D’autres chercheurs soulignent que même si cette vague de chaleur explose les records, dans le contexte du réchauffement de la planète, elles seront bientôt une « nouvelle normalité ». « Il ne faut donc pas s’en étonner, car plus les températures moyennes augmentent, plus les périodes de chaleur extrême se multiplient », a déclaré Lesley Hughes, climatologue australienne, à SBS News.

Tout comme les températures, les sécheresses seront de plus en plus extrêmes avec le dérèglement du climat. La preuve cette année avec le cours du Yangtsé, le plus long fleuve de Chine et le troisième plus grand du monde, qui serait descendu à son plus bas niveau depuis 150 ans. Les conséquences sont dramatiques pour la population, rappelle le quotidien The Guardian : « Il fournit de l’eau potable à plus de 400 millions de Chinois ».

Alors les autorités tentent le tout pour le tout pour augmenter le niveau du fleuve. L’État a déchargé 980 millions de mètres cubes d’eau des réservoirs afin de reconstituer les niveaux inférieurs du fleuve, poursuit le média britannique.

Au-dessus de plusieurs régions traversées par le fleuve, la Chine a même déployé des moyens démesurés en tentant d’accélérer le retour de la pluie grâce à l’« l’ensemencement des nuages ». Cette technique, développée depuis les années 90, consiste à envoyer des substances chimiques dans le ciel susceptibles de faire tomber la pluie. De l’iodure d’argent a été projeté ces derniers jours, permettant aux nuages existants de former des cristaux de glace afin de produire davantage de pluie.

Les centrales à charbon tournent à plein régime

Le Yangtsé est aussi indispensable à la production d’hydroélectricité. Certaines provinces telles que le Sichuan, peuplé de 80 millions d’habitants qui dépendent à 80 % de cette énergie, ont décidé de couper l’électricité à la plupart des usines pendant une semaine. Le but : s’assurer que les gens aient du courant chez eux et que les réseaux électriques ne soient pas surchargés.

Pour atténuer la pénurie d’énergie, la Chine a augmenté la production et les importations de charbon pour produire de l’électricité, relate un article de la chaîne américaine CNN Business. À l’échelle nationale, les centrales électriques ont brûlé 8,16 millions de tonnes de charbon thermique par jour au cours des deux premières semaines d’août, soit une hausse de 15 % par rapport à l’année dernière, selon les données de la Commission nationale du développement et de la réforme, une agence chinoise.

Ce recours massif au charbon est une très mauvaise nouvelle alors que le mix énergétique de la plus grande puissance mondiale dépend déjà à 60 % de cette énergie fossile. C’est aussi une contradiction de la part de la Chine qui souhaite que 90 % de sa production énergétique provienne du nucléaire et des énergies renouvelables d’ici à 2050. Le pays va enfin à rebours des rapports des experts du climat du Giec qui appellent à cesser l’activité des centrales à charbon afin de limiter le réchauffement à 2 °C d’ici la fin du siècle, idéalement à 1,5 °C.

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