Chiffres clés, vie quotidienne, sécurité... Ce que l'on sait du village olympique de Paris 2024 inauguré ce jeudi

Un pas de plus vers les Jeux. Ce jeudi soir à minuit, les 45.000 clés du village olympique seront remises à la direction de Paris 2024 par la Solideo, chargée de ce chantier exceptionnel. RMC Sport vous en dit plus sur ce complexe central des Jeux olympiques.

· Pourquoi la Seine-Saint-Denis?

C’était l’une des promesses du projet "Paris 2024" tel qu’il avait été imaginé dans sa première mouture. Redonner à la Seine-Saint-Denis, "département le plus pauvre de France métropolitaine", au moins quelques-unes de ses lettres de noblesses, lui qui accueille depuis le 8e siècle la nécropole des rois de France dans les murs de la Basilique Saint-Denis.

Faute de place dans Paris, c’est donc à quelques encablures de ce monument hautement emblématique de l’histoire de France que se dresse le village olympique, centre névralgique et symbolique des JO, qui accueillera cet été les athlètes des 206 délégations olympiques puis des 184 délégations paralympiques participant à Paris 2024.

Un ensemble bâti en front de Seine à cheval sur les communes de Saint-Denis, L’Île-Saint-Denis et Saint-Ouen, toutes situées aux portes de Paris et réputées très populaires. C’est aussi là tout le sens de la situation du village olympique avec notamment la question centrale de l’héritage.

Car dès octobre 2025, après une phase de reconversion d’un an, 6000 personnes viendront habiter dans ce quartier flambant-neuf dont 25% des appartements seront des logements sociaux. Plusieurs écoles, des crèches et de nombreux commerces sont ou seront créés dans le périmètre du village, le tout accessible par ailleurs via la ligne 14 du métro, prolongée à l’occasion des JO jusqu’à la gare de Saint-Denis-Pleyel, où passeront également à terme les lignes 15, 16 et 17. Le but: accélérer la transition urbaine dans ces communes très touchées par l’insalubrité. En 2022, selon la Fondation Abbé Pierre, un logement sur cinq à Saint-Denis était "indigne", c’est-à-dire portant potentiellement atteinte à la santé ou l’intégrité physique de ses occupants.

· Comment s'est organisé ce chantier hors norme?

Il aura donc fallu deux ans et demi pour achever -ou presque, puisqu’il le sera définitivement début avril- ce chantier absolument colossal de la taille de 70 terrains de football et qui comptât à son climax 37 grues en simultané. Une vitesse supersonique à l’échelle du bâtiment, la Solideo ayant accompli la tâche en trois fois moins de temps qu’il n’en faut d’ordinaire pour un chantier comparable. Même si, rappelons-le, certains faits sont venus assombrir le tableau avec notamment la présence de travailleurs sans papiers à des postes très accidentogènes révélée l’an passé.

Du reste, les chiffres sont impressionnants. Pêle-mêle, 1992 emplois créés par le chantier, 1361 TPE-PME impliquées, 9000 arbres plantés, 82 bâtiments érigés dans lesquels seront disposés 14.250 lits et autant de couettes pour les quelque 10.000 athlètes et 4500 para-athlètes participants aux joutes olympiques. Le tout pour un budget de 2 milliards d’euros, dont 1,4 milliard de financements privés.

· Que sait-on des équipements de ce village olympique?

Pour la visite guidée, imaginez un complexe tourné dans sa globalité vers la Seine avec une grande place de vie circulaire en front de fleuve. Tout autour, 82 bâtiments ultra-performants en matière énergétique séparés les uns des autres pour construire le quartier du futur, celui de "2050" selon les mots de Paris 2024, celui dans lequel l’air circulera entre les blocs, la fraîcheur étant accentuée par la présence de murs ou de toits végétalisés.

Totalement accessibles pour les personnes à mobilité réduite, ces résidences compteront en tout 3000 appartements équipés d’une à quatre chambres chacun pouvant accueillir en mode "village olympique" entre deux et huit athlètes. Fait inédit dans l’histoire des JO, le complexe accueillera également les sites d’entraînements de sept disciplines olympiques et paralympiques (haltérophilie, pentathlon moderne, escrime, basket fauteuil, volley assis, etc.)

Dans l’espace public pendant les JO: des navettes électriques reliant très régulièrement les principaux points d’intérêt du complexe, des laveries, un centre multiconfessionnel, un gigantesque restaurant dans l’enceinte de l’antique Cité du Cinéma, un autre sur l’Île Saint-Denis, des foodtrucks avec un système de "grab and go", une supérette, un salon de beauté, un "sports bar" (mais sans alcool, c’est Coca-Cola qui sponsorise), un distributeur de billets, une salle de fitness ouverte 24/24, une polyclinique avec possibilité de soins dentaires, d’IRM ou encore de radio, le tout situant "90% des athlètes à moins de 30 minutes de leur lieu de compétition ou d’entraînement", selon la direction de Paris 2024.

Deux détails d’importance, les JO se déroulant au cœur de l’été, les planchers de tous les appartements ont été conçus pour être rafraîchissants (ou chauffants en hiver). Et si jamais cela ne suffisait pas, 8200 ventilateurs seront disposés par Paris 2024 dans tous les logements d’ici à l’été.

· Comment les délégations seront-elles réparties dans les bâtiments?

A l’exception de la France, qui a pu prioritairement choisir en tant que pays hôte son emplacement, l’affectation a ensuite été déterminée par ordre décroissant des tailles des délégations, 15 délégations représentant à elles seules 75% de l’occupation du village.

Les États-Unis (qui, à l’exception notable et habituelle lors des JO de leur équipe de basketball, logeront bien dans l’enceinte du village), la Chine ou encore le Brésil ont ainsi pu choisir en priorité leurs lieux de résidence puisqu’ils comptent parmi les plus gros contingents d’athlètes. Certaines préféraient être plus proches du grand restaurant, d’autres plus proches des transports en commun ou d’autres encore un peu plus au calme. Quant aux petites délégations, elles connaîtront leurs affectations au moment de leur arrivée au village en juillet prochain (pré-ouverture le 12/07, ouverture le 18/07).

Chaque délégation aura la possibilité d’afficher librement les marques de ses équipements sportifs. Pour ce qui est des drapeaux et des bannières, elles sont également autorisées, mais le CIO est très clair: comme d’habitude, il interdit tout affichage à des fins politiques. Exemple type: toute banderole de soutien à l’Ukraine, la Russie, Israël, la Palestine, ou tout autre pays belligérant est formellement interdite sur les sites olympiques.

· Les délégations "à risque" pourront-elles assurer leur propre sécurité dans l’enceinte du village?

L’attaque du Hamas le 7 octobre dernier a rappelé à quel point la menace terroriste pesant sur Israël était une réalité de tous les instants. Elle a aussi, à moins d’un an des Jeux olympiques, fait inévitablement ressortir les fantômes du passé. En 1972, huit terroristes palestiniens de l’organisation Septembre Noir s’étaient introduits dans le village olympique en pleine nuit et avaient assassiné 11 membres de la délégation israélienne, causant par ailleurs la mort d’un policier et d’un pilote d’hélicoptère. Une prise d’otage restée dans les mémoires et qui n’a pas manqué depuis d’alimenter la question de la sécurité des athlètes.

Concernant le village olympique de Paris 2024, les organisateurs rappellent qu’il est "un lieu clos et sécurisé avec des contrôles de sécurité à chaque accès". Personnes et bagages sont supposés y être méticuleusement contrôlés, via des portiques et des scanners comme dans les aéroports. Tout officiel, personnel, staff, volontaire ou athlète ne pourra se soustraire à ces mesures de sécurité s’il souhaite accéder à l’intérieur du village olympique.

Les délégations pourront par ailleurs décider elles-mêmes de leurs propres moyens de sécurité à l’intérieur du complexe et employer des agents de sécurité si elles le souhaitent. Avec une interrogation tout de même en l’état: on ne sait pas si ces éventuels agents pourront être armés. Ce que l’on sait, c’est qu’il existe des discussions entre certaines délégations à risques (Israël, Ukraine, etc.) et les autorités, autour des questions de sécurité.

· Les mamans "résidentes" pourront elles loger avec leurs enfants?

En l’état, non, le Comité International Olympique n’autorise pas les mamans à dormir avec leurs bébés au village pendant les JO, n’en déplaise par exemple à la double championne olympique de judo Clarisse Agbegnenou qui a formulé cette demande à grands renforts médiatiques au mois de janvier.

En revanche, Paris 2024 travaille actuellement à créer un espace de nurserie dans l’enceinte du village olympique pour permettre aux mamans de nourrissons de pouvoir allaiter. Côté délégation tricolore, cela ne concernera que les athlètes paralympiques qui pourront inviter leurs enfants en journée de 9h à 21h au moment des Jeux paralympiques.

Concernant les athlètes valides, le CNOSF ne les autorise pas à faire pénétrer leurs enfants dans l'enceinte du village olympique. En revanche, un espace de 100 mètres carrés sera mis à leur disposition à l'hôtel Pleyel tout près de là, avec la possibilité de dormir avec leurs enfants dans des chambres doubles de ce même établissement.

· Quelles sont les dates importantes à retenir?

1er mars: remise des clés à Paris 2024 qui dispose d’un peu plus de 4 mois pour aménager et équiper les appartements (lits, sofas, étendoirs, ventilateurs, etc.)

12 juillet: pré-ouverture du village olympique,

Du 18 juillet au 13 août: village olympique ouvert

18 août: pré-ouverture du village en mode "Jeux paralympiques"

Du 21 août au 10 septembre: village paralympique ouvert

1er novembre: restitution du complexe à la Solideo

Automne 2025: arrivée des 6000 habitants du quartier définitif

Article original publié sur RMC Sport