ChatGPT, une intelligence artificielle à bannir de l’éducation ?

University of Rennes 1 students, wearing protective nose and mouth masks to curb the spread of the novel coronavirus, Covid-19, sit in an auditorium as they attend a supervised physics lecture in Rennes, western France on January 4, 2021. (Photo by Damien MEYER / AFP)
DAMIEN MEYER / AFP University of Rennes 1 students, wearing protective nose and mouth masks to curb the spread of the novel coronavirus, Covid-19, sit in an auditorium as they attend a supervised physics lecture in Rennes, western France on January 4, 2021. (Photo by Damien MEYER / AFP)

ÉDUCATION - Le monde éducatif est-il sur le point d’être révolutionné par l’intelligence artificielle (IA) ? Alors que ChatGPT, un outil capable de rédiger des textes en réponse à de simples questions, a envahi les salles de classe et les devoirs à la maison, de nombreux enseignants s’interrogent sur l’opportunité de l’interdire ou de la mettre à profit.

Dès la mi-décembre, quelques semaines seulement après la mise à disposition de l’outil par la start-up californienne OpenAI, huit universités australiennes ont annoncé modifier leurs examens et considérer que l’utilisation de l’IA par des étudiants s’apparentait à de la triche. En 2023, leurs tests seront désormais « surveillés » avec « un recours accru au papier et au stylo », a indiqué la dirigeante du « groupe des huit » Vicki Thomson, citée sur un blog du quotidien The Australian.

Plus récemment, après que plusieurs médias ont rendu compte de l’utilisation croissante de l’outil par des élèves dans le monde entier, notamment encouragés par des vidéos TikTok, les écoles publiques de New York ont restreint l’accès à ChatGPT sur leurs réseaux et terminaux.

La « réflexion critique » en péril

L’outil « ne permet pas de développer des compétences de réflexion critique et de résolution de problèmes, qui sont essentielles à la réussite scolaire et à la réussite tout au long de la vie », tranche ainsi Jenna Lyle, la porte-parole du département d’éducation new-yorkais, dans une déclaration à l’AFP.

ChatGPT est un robot conversationnel qui a été « entraîné » grâce à des quantités phénoménales de données glanées sur le Net et il peut « prédire » la suite probable d’un texte. Mais, à défaut de raisonner, il produit un étonnant mélange de réponses correctes et d’erreurs factuelles ou logiques, plus ou moins difficiles à déceler.

Il lui arrive par exemple de citer le requin-baleine (un poisson) parmi les mammifères marins ou de se tromper dans la taille des pays d’Amérique centrale. Il omet également certains événements historiques, comme la bataille d’Amiens de 1870, ou encore d’inventer de toutes pièces des références bibliographiques.

Malgré les craintes, certaines voix au sein du monde éducatif s’élèvent pourtant pour intégrer cette innovation dans les méthodes d’enseignement. « ChatGPT est une innovation importante mais pas plus que celle des calculatrices ou des éditeurs de texte », qui ont fini par trouver leur place à l’école, juge auprès de l’AFP Antonio Casili, professeur à l’Institut Polytechnique de Paris et auteur de « En attendant les robots » (Seuil).

Une révolution pour la philosophie de l’enseignement

Selon lui, « ChatGPT peut aider à faire un premier jet lorsqu’on se retrouve face à une feuille blanche mais, après, il faut tout de même écrire, donner un style ».

Pour l’expert, l’IA renverse également la philosophie de l’enseignement, fondée sur les questions du professeur. Cette fois, l’élève doit lui-même interroger la machine, « c’est une opportunité pour nous de voir comment les étudiants réalisent des tâches qu’on leur confie, de les faire travailler sur le fact-checking, et de vérifier si les références bibliographiques générées sont correctes », analyse Antonio Casili.

Pour Olivier Ertzscheid, chercheur à l’université de Nantes (ouest de la France) en sciences de l’information, l’interdiction de l’outil est de toute façon « contre-productive » car elle renforce le désir des étudiants de l’utiliser. Comme après l’arrivée de Wikipédia ou des moteurs de recherche, l’enjeu pour les enseignants est, selon lui, « d’expérimenter les limites » de ces outils.

Enfin, la riposte s’organise pour détecter les textes générés par une IA. Le service en ligne GPTZero prépare par exemple une offre dédiée aux professionnels de l’éducation et OpenAI travaille sur un « filigrane statistique » apposé lors de la génération de texte. Les tricheurs sont prévenus.

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