La chasse aux coupables est ouverte

“Avant le rapatriement de leurs dépouilles, les deux journalistes assassinés ont eu droit à une cérémonie d’adieu au cours de laquelle ils ont été élevés au rang de chevalier de l’ordre national”, souligne L’Essor, quotidien d’Etat. Deux cercueils sur un tarmac d’aéroport – en page de une – et des visages abattus qui montrent toute la solidarité et l’incompréhension du pays, quatre jours après cet assassinat tragique.

Mais si l’image inspire le calme et la sérénité, dans les autres journaux les articles sont beaucoup plus virulents. La colère ne s’estompe pas avec le temps pour pleurer ces “voix devenues si familières pour beaucoup [en Afrique francophone] au point qu’aux yeux de certains des auditeurs de RFI, c’est presque des proches qui viennent d’être fauchés”, explique le quotidien burkinabé L’Observateur Paalga. Cela explique sans doute ce déferlement de passion. Mais aussi parce que la tragédie dévoile enfin cette question que personne n’osait poser ouvertement : qui contrôle Kidal aujourd’hui ?

Le Républicain, quotidien malien, est affirmatif : “Ce n’est pas l’Etat malien, dont ni l’administration ni l’armée ne se sont effectivement redéployées à Kidal, tel que le veut l’accord de Ouagadougou du 18 juin [accords de paix préliminaires entre l’Etat malien et les groupes armés touaregs qui revendiquent la région]. Kidal échapperait-il aussi à la surveillance des casques bleus [de la Minusma, force onusienne] ?” s’interroge l’éditorialiste.

Mais les récriminations portent aussi sur la France, pourtant célébrée pour son engagement dans l’opération Serval. Aujourd’hui, les journalistes maliens dénoncent pour beaucoup sa complaisance avec les rebelles touaregs. “Les Maliens se demandent ce qu’est devenu “papa Hollande” qui a redonné son indépendance au Mali en chassant les djihadistes et le pouvoir touareg. Ils s’interrogent : “Veut-il la reprendre à Kidal ?” Les reproches sont encore plus virulents dans L’Indicateur du Renouveau qui n’hésite pas à titrer : “La France coupable”. “La vérité de la question de Kidal, c’est que la France de François Hollande empêche les forces armées maliennes de se déployer comme il le faut, tout en donnant quitus aux rebelles du Mouvement national de Libération de l’Azawad (Mnla)”.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :