Charles III passera à Bordeaux pour sa visite en France, et ce n’est pas une première

Le roi Charles III, alors prince de Galles, à l’ambassade du Royaume-Uni à Paris en février 2003.
Le roi Charles III, alors prince de Galles, à l’ambassade du Royaume-Uni à Paris en février 2003.

ROYAUME-UNI - La dernière fois qu’il s’y est rendu, Bordeaux faisait encore partie de ce que l’on appelait la région Aquitaine, et Jacques Chaban-Delmas était le maire de la ville. Le roi Charles III, qui doit être couronné le 6 mai, passera par Bordeaux et sa région lors de sa visite d’État en France à la fin du mois, du 26 au 29 mars, a confirmé la présidence française ce vendredi 3 mars.

C’est en effet l’hexagone et l’Allemagne que le fils aîné d’Elizabeth II a choisi pour ses premiers déplacements officiels. L’Élysée y voit notamment une illustration de « la profondeur des liens historiques » entre les deux pays. Cette visite, « un honneur fait à la France »« symbolise également la relation d’amitié et de confiance », a fait valoir la présidence française. Emmanuel Macron présidera dans ce cadre un dîner d’État au Château de Versailles le 27 mars, en l’honneur de Charles III et de la reine consort Camilla.

Le nouveau souverain britannique arrivera ensuite en Gironde le 28 mars pour observer les dégâts causés par les incendies de forêt de l’été dernier et rencontrer des secouristes. Le couple royal marquera également l’ouverture du consulat britannique à Bordeaux et visitera un vignoble biologique.

Déjeuner officiel à la mairie de Bordeaux

Cette région de la Gironde, Charles l’avait déjà visitée il y a 46 ans alors qu’il était prince de Galles. Le 9 mai 1977, quelques jours après une visite officielle de la reine mère Elizabeth Bowes-Lyon à Bordeaux, le fils aîné de la reine Elizabeth II s’était lui aussi rendu à Bordeaux pour l’inauguration de l’exposition « Peinture britannique, de Gainsborough à Bacon ».

Il avait été accueilli par Jacques Chaban-Delmas, qui l’avait convié à un déjeuner officiel à l’Hôtel de ville de Bordeaux. À l’heure du café, l’héritier du trône avait offert à l’édile « deux carafes armoriées, un grand livre sur l’Aquitaine et l’Angleterre, édité à l’occasion du jubilé de la reine Elizabeth, et un portrait de lui-même, tout sourire », raconte le quotidien local Sud Ouest. Lui avait reçu « du vin, douze magnums de 1948, année de sa naissance, et une collection complète d’histoire de la ville ».

Plus tard, Jacques Chaban-Delmas avait accompagné le prince à la galerie des Beaux-Arts, comme vous pouvez le voir sur les images d’archives ci-dessous. Le prince de Galles avait également visité le vieux Bordeaux et l’opéra.

« Une fête du cœur et de l’esprit », écrivait alors Sud Ouest au sujet de cette visite entièrement menée en français par le prince bilingue.

L’étiquette d’un millésime signée « Charles »

Comme le relate encore le quotidien, le prince Charles avait quitté la ville le temps d’un passage par le vignoble bordelais. Il s’était notamment arrêté au Château Latour, à Pauillac, à une cinquantaine de kilomètres de la préfecture de l’actuelle région Nouvelle-Aquitaine, pour une dégustation de vin.

Et le prince Charles a depuis gardé un lien particulier avec le vignoble bordelais. Vingt-sept ans après cette visite, en 2004, c’est l’un de ses dessins qui apparaît sur l’étiquette du millésime 2004 du château Mouton Rothschild. Il s’agit de « pins du cap d’Antibes sur fond de ciel bleu », décrit le domaine viticole sur son site internet, peints par l’héritier au trône britannique, aquarelliste de paysages.

« Pour célébrer le 100e anniversaire de l’Entente cordiale - Charles, 2004 », a-t-il écrit sur cette étiquette, destinée à commémorer ces accords franco-britanniques signés à Londres en 1904.

La bouteille de Château Mouton Rothschild 2004, dont l’étiquette a été illustrée par Charles III, à l’époque prince de Galles.
La bouteille de Château Mouton Rothschild 2004, dont l’étiquette a été illustrée par Charles III, à l’époque prince de Galles.

Défenseur d’une agriculture biologique et de la protection de l’environnement - il a fait modifier son Aston Martin pour qu’elle roule principalement grâce à un bioéthanol composé de vin blanc et de lactosérum, issu de la fabrication du fromage -, Charles III commercialise lui-même du vin et du champagne (dont plusieurs sont produits en France) ainsi que des produits alimentaires sous le nom de Highgrove, son domaine dans le Gloucestershire.

L’actuel maire de Bordeaux Pierre Hurmic s’est réjoui ce vendredi de l’annonce de cette visite royale, qui « fait honneur à notre ville et à ses habitants ». « C’est un symbole fort. Ce choix confirme les liens historiques entre Bordeaux et le Royaume-Uni. Il marque aussi l’intérêt suscité par notre ville qui se réinvente et relève les grands défis écologiques », a-t-il réagi.

Elizabeth II à bord du Britannia dans le port de Bordeaux

La reine Elizabeth II, francophone et francophile, avait elle aussi réservé un détour à Bordeaux lors de ses multiples voyages dans l’Hexagone. Les 11 et 12 juin 1992, elle passe deux jours dans la ville, où elle est également reçue par Jacques Chaban-Delmas - toujours maire de Bordeaux. Même le président François Mitterrand fait le déplacement pour l’accueillir avec ses ministres de la Culture (Jack Lang) et des Affaires étrangères (Roland Dumas).

Le couple présidentiel français sera d’ailleurs reçu par la reine et son époux le prince Philip sur le yacht royal Britannia, amarré dans le port de la Lune, sous l’œil des caméras, comme vous pouvez le voir dans le reportage ci-dessous.

« Cela s’est passé d’une façon remarquable, a raconté Hugues Martin, qui l’avait alors approchée en tant qu’adjoint au maire, à France Bleu GirondeOn nous avait donné des cours de maintien. Est-ce qu’il fallait l’appeler Sa Majesté, est-ce qu’il fallait l’appeler Madame ? La reine était très souriante, très abordable. »

La visite s’était passée « dans une ambiance très bon enfant », se souvient-il encore : « J’ai chez moi une très grande photo où l’on voit Jacques Chaban-Delmas et la reine assis côte à côte dans une voiture décapotée. Et derrière, il y a le marché des Grands hommes et la foule des Bordelais qui est là, souriante. Et c’est impressionnant parce qu’il y a un ou deux gendarmes ou policiers, mais même pas armés. Si les choses se passaient maintenant, il y aurait des tireurs d’élite partout, des forces spéciales, etc. »

Une autre membre de la famille royale est récemment passée par Bordeaux. En décembre, Sarah Ferguson, duchesse d’York et ex-épouse du prince Andrew, le frère du roi Charles III, a été reçue par le maire Pierre Hurmic pour évoquer le sujet de la petite enfance, qu’elle défend avec sa fondation.

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