La chaleur dans les logements en été, préoccupation de la Fondation Abbé Pierre pour les passoires thermiques

Les mauvaises conditions de logement et la chaleur qui en découle inquiètent la Fondation Abbé Pierre, qui alerte l’État et les pouvoirs publics sur ce problème.

En été, pas de répit pour les habitants des passoires thermiques. Ce lundi 26 juin 2023, la Fondation Abbé Pierre alerte dans un rapport sur les mauvaises conditions de logement pendant la période estivale et leurs impacts sur la santé des personnes concernées. Car ces habitations se transforment en « véritable bouilloire » pendant les beaux jours.

Et ce phénomène est encore trop ignoré par les pouvoirs publics, dans le cadre de la lutte contre la précarité énergétique et le mal logement, déplore la Fondation. Si le nombre de personnes concernées est difficilement quantifiable, le rapport compile quelques chiffres éloquents tirés d’études antérieures. Par exemple, en 2021, 37 % des personnes interrogées dans un sondage Opinion Way déclaraient souffrir, systématiquement ou souvent, de la chaleur dans leur logement. En 2022, selon le Baromètre énergie-info, 59 % des Français et Françaises affirmaient souffrir de la chaleur dans leur logement, soit 8 points de plus qu’en 2020.

Et les personnes les plus concernées sont les jeunes, les personnes âgées et les populations précaires urbaines - ces derniers sont concernés par les « îlots de chaleur urbains, dont le béton stocke la chaleur la journée et la rediffuse la nuit », selon le communiqué qui accompagne l’étude.

Les locataires plus touchés

Selon la Fondation, les causes de la chaleur qui règne dans les 5,5 millions de passoires thermiques en France sont une mauvaise isolation, la surexposition au soleil ou l’absence de protections ou de volets. « Vivre dans de telles conditions, ce n’est plus seulement une question de confort d’été mais d’habitabilité même de nos logements plusieurs mois par an », alerte Christophe Robert, le délégué général de la fondation.

D’autant plus qu’il n’y a aucune température maximale imposée par la loi à un bailleur lorsqu’il loue son logement. Alors qu’il existe une température légale minimum de 19 degrés. « La définition de la précarité énergétique inclut des indicateurs liés au taux d’effort énergétique et au ressenti du froid, mais ne tient pas compte pour le moment des difficultés à maintenir une température acceptable dans son logement pendant les périodes de chaleur », pointe l’étude.

Les locataires sont d’ailleurs plus nombreux que la moyenne à souffrir d’un excès de chaleur (63 % contre 59 % au global), selon le rapport. Et les plus modestes doivent donc improviser des solutions pour refroidir leur logement, ce qui passe bien souvent par l’achat de ventilateur ou de climatisation bon marché.

2 800 décès pendant les canicules de 2022

Quelles conséquences sur la santé ? La Fondation en liste quelques-unes : la dégradation de la qualité du sommeil, stress, déshydratation… mais aussi des répercussions plus graves, comme l’aggravation de certaines pathologies ou des problèmes de circulation sanguine.

La chaleur peut aussi être mortelle : pendant les trois épisodes caniculaires de l’été 2022, l’excès de mortalité toutes causes confondues en France est estimé à 2 816 décès, selon Santé publique France. Soit l’été le plus meurtrier depuis la canicule de 2003, qui avait coûté la vie à 15 000 personnes.

Pour y remédier, la Fondation Abbé Pierre plaide pour que les pouvoirs publics se saisissent du problème. « La température intérieure peut baisser de 2 °C à 5 °C grâce à de simples protections solaires et de 6 °C à 7 °C en peignant les toits en blanc », rappelle le rapport qui appelle l’État à équiper l’ensemble des bâtiments de protections solaires et de revêtements clairs.

La Fondation estime aussi que le lancement d’un grand plan de végétalisation des villes et des logements. Et face au réchauffement climatique, elle rappelle que la climatisation est une mauvaise solution, une forme de « mal adaptation », car elle est très polluante.

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