"Une chaîne de solidarité et de colère": Emmanuelle Béart évoque l'importance de parler de l'inceste

Dans un documentaire diffusé ce dimanche sur M6, co-réalisé avec Anastasia Mikova, la comédienne donne la parole aux victimes d'inceste et se confie sur les viols qu’elle a subis de ses 10 ans à ses 14 ans.

Emmanuelle Béart sort du silence. La comédienne de 60 ans dévoile Un silence si bruyant, un documentaire sur l'inceste qu'elle a co-réalisé avec la journaliste Anastasia Mikova et attendu ce dimanche à 23h10 sur M6.

Tourné pendant trois ans, Un silence si bruyant donne la parole aux victimes d'inceste mais également à Emmanuelle Béart, qui s'y confie pour la première fois sur les viols qu'elle a subis de ses 10 ans à ses 14 ans par un homme de sa famille. L'actrice n'a pas porté plainte et n'a également jamais révélé l'identité de son agresseur, précisant toutefois qu'il ne s'agit pas de son père, Guy Béart.

"Je n’en pouvais plus. Je voulais que ça s’arrête. J’ai réussi à le dire à ma grand-mère, en qui j’avais le plus confiance. Il faut être avec quelqu’un dont vous êtes sûr qu’il va vous croire. Parce que l’enfant a honte, il se sent coupable [...] Ma grand-mère était celle qui, je le savais, entendrait cette parole-là", confie l'actrice au Parisien.

"Une évidence"

Emmanuelle Béart n'avait au départ jamais envisagé parler publiquement de ces abus, mais la comédienne assure qu'elle souhaitait depuis plusieurs années réaliser un projet autour de l'inceste.

"J’ai amorcé des projets mais ça n’était jamais la bonne idée, le bon moment. Je cherchais peut-être inconsciemment un compagnon de voyage, une amie. Et, sans doute, un regard plus extérieur", explique l'actrice au Parisien.

C'est alors qu'Emmanuelle Béart fait la rencontre d'Anastasia Mikova, coréalisatrice de Woman, lors d'un dîner en 2020. "Au bout de dix minutes, elle me confiait l’inceste qu’elle avait vécu. [...] Et puis on s’est revues quelques jours plus tard et là, c’était une évidence : il fallait qu’on travaille ensemble", confie la réalisatrice à 20 Minutes.

Dès lors, Emmanuelle Béart et Anastasia Mikova imaginent un film choral, pour donner la parole. Si au départ l'actrice ne souhaitait pas témoigner, les échanges avec les autres victimes ont fait petit à petit évoluer sa position.

"Je me dis qu’il est important que je puisse dire non seulement 'moi aussi', mais que ça s’inscrive dans notre film. Ça m’aurait paru d’une malhonnêteté intellectuelle absolue de ne pas le faire", assure Emmanuelle Béart au Parisien.

Et de conclure: "Pour le moment, j’ai la sensation de faire partie d’une chaîne qui brise une forme de solitude. Une chaîne de solidarité, et aussi de colère. C’est important pour moi. Et je sens que ça l’est pour d’autres. [...] J’espère de tout cœur qu’on va laisser cet espace-là ouvert."

Une "réponse politique et sociétale"

Selon la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), lancée en janvier 2021 après la prise de conscience provoquée par l'ouvrage La Familia grande de Camille Kouchner autour des violences sexuelles faites aux enfants, 160.000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d'adultes ont été victimes dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille.

Cette situation nécessite une "réponse politique et sociétale", avait plaidé par le passé Emmanuelle Béart. Un silence si bruyant a été projeté le 19 septembre au secrétariat d'État chargé de l'Enfance et une "grande campagne gouvernementale" doit être "diffusée en parallèle de ce documentaire" a indiqué le secrétariat d'État dans un communiqué.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - ON A VU - Emmanuelle Béart et "Un silence si bruyant" : pourquoi il faut regarder son documentaire sur l'inceste