« Cellule anti-ZAD » : à quoi va ressembler la structure annoncée par Darmanin ?

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche 2 avril dans le JDD la création d’une cellule « anti-ZAD » pour éviter les occupations illégales.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche 2 avril dans le JDD la création d’une cellule « anti-ZAD » pour éviter les occupations illégales.

POLITIQUE - « Plus aucune ZAD [zone à défendre] ne s’installera dans notre pays. » En pleine riposte face à l’extrême gauche radicale, qu’il accuse d’organiser le désordre dans le pays et d’être derrière les heurts des manifestations contre les « méga bassines » de Sainte-Soline, Gérald Darmanin a annoncé ce dimanche 2 avril dans le Journal du Dimanche (JDD) la création d’une « cellule anti-ZAD ».

« Les hommes politiques ont manqué de fermeté face à l’extrême gauche. Par complaisance intellectuelle ou par lâcheté, dénonce le ministre de l’Intérieur auprès de nos confrères. Mais c’est fini : plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays. Ni à Sainte-Soline ni ailleurs. Nous créerons d’ailleurs au ministère de l’Intérieur une cellule anti-ZAD, avec des juristes spécialisés. L’autorité réclamée par les Français est là », a-t-il poursuivi.

Concrètement, cette « cellule anti-ZAD » verra le jour « dès le 1er septembre prochain » au ministère de l’Intérieur, explique l’entourage de Gérald Darmanin au HuffPost. « Elle sera constituée de cinq juristes de haut niveau qui seront chargés d’accompagner les préfets pour empêcher la constitution de ZAD ou les démanteler. Leur recrutement est en cours », précise-t-on.

« Multiples recours juridiques »

L’idée sera de couper court à toute tentative d’occupation illégale sur le territoire, non seulement sur le plan du maintien de l’ordre, mais d’un point de vue juridique. « Lorsque des militants tentent d’occuper illégalement un espace comme Sainte-Soline ou Notre-Dame-des-Landes, il faut régler les contentieux le plus vite possible », justifie-t-on de même source. « Souvent, ce sont de multiples recours juridiques » qui doivent être mis en œuvre localement pour éviter l’installation d’opposants à un projet.

Actuellement, plusieurs grands chantiers font l’objet d’une opposition sur le terrain de type ZAD, dont le projet d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo à Bure (Meuse) ou encore celui de l’artificialisation de terres agricoles sur le plateau de Saclay (Essonne), listent notamment nos confrères de franceinfo.

« Je refuse de céder au terrorisme intellectuel »

Cette annonce de Gérald Darmanin survient alors que l’Intérieur est pointé du doigt pour sa gestion des manifestations contre les retenues d’eau de Sainte-Soline, où un usage excessif de la force par les forces de l’ordre a été dénoncé par de multiples observateurs après que deux manifestants ont été placés dans le coma. Inflexible, le ministre assure que les gendarmes ont empêché la constitution d’une ZAD.

« Les casseurs voulaient installer une ZAD. Si les gendarmes n’avaient pas été là, (...) les agriculteurs auraient eu leurs outils de production détruits, ensuite il y aurait eu manifestement et sans aucun doute une ZAD installée », a assuré Gérald Darmanin sur CNews ce dimanche. Questionné sur l’intensité de la répression, le ministre assume de faire preuve d’autorité pour « éviter un scandale politique » qui toucherait « à l’autorité de l’État », comme à Notre-Dame-des-Landes.

« Quand la violence, les casseurs et l’ultragauche s’en mêlent, alors il est du devoir des forces de l’ordre de dire stop », a appuyé le premier flic de France dans le JDD. « Je refuse de céder au terrorisme intellectuel de l’extrême gauche qui consiste à renverser les valeurs : les casseurs deviendraient les agressés et les policiers les agresseurs », a-t-il conclu.

Alors que les responsables d’Europe Écologie Les Verts (EELV) doivent justement rencontrer la Première ministre le 4 avril prochain pour discuter de « la criminalisation des écologistes » et du maintien de l’ordre, la secrétaire nationale du parti a dénoncé sur Twitter l’attitude « irresponsable et dangereuse » de Gérald Darmanin. « La France est au bord de la crise de nerf » et « l’urgence est à l’apaisement. Par des symboles forts », estime Marine Tondelier.

« Comment appelle-t-on un régime qui criminalise ses opposant.e.s politiques, les fait passer pour des terroristes, dissout les organisations de la société civile et réprime les manifestations ? Vous avez quatre heures », a pour sa part singé l’eurodéputé écologiste Marie Toussaint.

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