“Cela doit changer” : l’opacité des revenus de la famille royale britannique

“Révélations”, promet, le 6 avril 2023, en première page, le journal de gauche et antimonarchique The Guardian. “La famille royale d’Angleterre a touché plus de 1,3 milliard d’euros de revenus privés issus de diverses propriétés”, poursuit le quotidien, qui s’est plongé dans les finances de la famille royale dans une longue enquête en plusieurs volets intitulée “Le coût de la Couronne”. Pour illustrer ce scoop, le titre représente la couronne de saint Édouard trônant sur un tas de livres sterling au milieu de terres figurant littéralement les prés carrés de la Couronne.

Le quotidien “a calculé la totalité des revenus que la famille royale tire des duchés de Lancaster et de Cornouailles, qui comptent d’innombrables terrains et propriétés répartis dans toute l’Angleterre”. Ces duchés fonctionnent comme des empires immobiliers confiés à des professionnels qui gèrent également d’imposants “portefeuilles d’investissement mais ne paient rien, ni au titre de l’impôt sur les sociétés ni sur les revenus des valeurs et capitaux mobiliers”.

Les journalistes du Guardian ont épluché les comptes et ont découvert que la reine défunte, et son fils en sa qualité de duc de Cornouailles, ont bénéficié d’une multiplication par seize de leurs revenus provenant de ces deux duchés depuis soixante-dix ans.

Droits féodaux

En 2022, “les revenus issus de leurs duchés atteignaient 47,7 millions d’euros. Si l’on tient compte de l’inflation, les deux duchés de Lancaster et de Cornouailles ont rapporté plus de 1,3 milliard d’euros à leurs propriétaires royaux”.

Les droits de la famille royale sur les revenus des duchés découlent de chartes datant de l’époque où le pays était divisé en fiefs médiévaux. Toutefois, un courant politique porté par plusieurs élus conteste cette situation et demande que les bénéfices des duchés soient versés aux finances publiques plutôt qu’aux têtes couronnées.

Dans un éditorial, The Guardian s’attaque plus largement aux différentes formes de revenus, certaines opaques, que touche la famille royale, et à la difficulté qu’ont les parlementaires à exercer “un contrôle institutionnel efficace sur l’accumulation par la famille royale de privilèges financiers et de richesses privées”. Et de conclure : “Une monarchie constitutionnelle ne peut exister qu’avec l’accord du peuple. Les dispositions actuelles découragent toute forme de contrôle extérieur. […] Cela doit changer.”

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