"Catastrophe humanitaire", condamnations internationales : ce que l'on sait du projet d'offensive israélienne sur Rafah

Quatre mois après l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël, et le début de la riposte de l'État hébreu, la guerre continue de faire rage dans la bande de Gaza. Pour fuir les bombardements, plus de 1,3 million de Palestiniens, d'après des chiffres de l'ONU, se sont réfugiés à Rafah, grande ville du sud de Gaza, jouxtant l'Égypte. Les civils sont massés, dans des conditions humanitaires désespérées, dans cette ville transformée en un gigantesque campement.

Après la ville de Gaza puis Khan Younès, c'est désormais Rafah qu'Israël vise, en planifiant une opération au sol. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné dès mercredi 7 février à l'armée israélienne de préparer cette offensive sur Rafah, et lui a demandé vendredi de lui soumettre un "plan combiné" d'"évacuation" des civils et de "destruction" du Hamas dans cette ville.

"Il est impossible d'atteindre l'objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah", et cela requiert que "les civils évacuent les zones de combat", avait affirmé le chef du gouvernement de l'État hébreu.

• Rafah déjà visée par des frappes

Si l'offensive terrestre n'a pas encore débuté, l'armée israélienne bombarde ce samedi 10 février le secteur de Rafah. Vendredi déjà, plusieurs bâtiments ont été détruits. Dans un quartier, des personnes ont été vues porter les corps de trois enfants tués dans un bombardement, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP.

Pour l'heure, à Washington, des responsables américains ont dit ne pas avoir vu de préparatifs suggérant une "offensive majeure" ou "imminente", tout en mettant en garde contre un "désastre", craignant un scénario similaire à celui qui s'est déroulé dans le Nord.

• Le Hamas met en garde contre "des dizaines de milliers de victimes"

En réaction aux annonces d'Israël, le mouvement palestinien Hamas a averti, ce samedi, qu'une offensive israélienne sur Rafah pourrait faire "des dizaines de milliers de morts et de blessés".

"Nous mettons en garde contre une catastrophe et un massacre qui pourraient aboutir à des dizaines de milliers de martyrs et de blessés", a déclaré le Hamas, ajoutant tenir pour responsables des répercussions éventuelles "l'administration américaine, la communauté internationale et l'occupation israélienne".

• Les ONG inquiètes du sort des civils

Au vu du nombre de réfugiés présents dans cette ville, les ONG ont d'ores et déjà manifesté leur inquiétude. "Forcer plus d'un million de Palestiniens déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques", a déclaré dans la nuit de vendredi à samedi Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch.

"Il n'y a aucun endroit sûr à Gaza. La communauté internationale doit prendre des mesures pour prévenir de nouvelles atrocités", a-t-elle ajouté.

• La communauté internationale mobilisée

À l'instar des ONG, la communauté internationale suit de près la situation, faisant part de ses craintes vis-à-vis de cette nouvelle offensive à venir. Même les États-Unis, alliés inconditionnels d'Israël, ont mis en garde l'État hébreu.

"Mener une telle opération maintenant (à Rafah) sans planification et sans réflexion dans une zone abritant un million de personnes serait un désastre", a ainsi prévenu cette semaine le département d'État américain. Dans une rare critique à l'égard d'Israël depuis le début de la guerre, le président américain Joe Biden a par ailleurs jugé "excessive" la "riposte dans la bande de Gaza" à l'attaque du 7 octobre.

Au niveau européen, Berlin a également manifesté son inquiétude quant au sort des civils. "La détresse à Rafah dépasse déjà l'entendement. 1,3 million de personnes y cherchent à se protéger des combats dans un espace très restreint. Une offensive de l'armée israélienne sur Rafah serait une catastrophe humanitaire annoncée", a estimé la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.

L'Arabie saoudite, elle, a appelé à une intervention du Conseil de sécurité de l'ONU "pour empêcher Israël de provoquer une catastrophe humanitaire imminente. Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères du royaume a mis en garde contre les "répercussions extrêmement dangereuses" d'une telle offensive.

Article original publié sur BFMTV.com