La Casa Susanna, havre de liberté

« Photo Shoot », tirage argentique anonyme, 1964-1969.   - Credit:@ AGO / TOUS DROITS RÉSERVÉS / RENCONTRES D’ARLES / SP
« Photo Shoot », tirage argentique anonyme, 1964-1969. - Credit:@ AGO / TOUS DROITS RÉSERVÉS / RENCONTRES D’ARLES / SP

En 2004, un lot de 340 photographies refait surface sur un marché aux puces de New York. Sur ces clichés d'amateur pris dans les années 1950 et 1960 figurent des hommes habillés en femmes. Non pas des vamps, non pas des drag-queens ou des divas de cabaret ornées de plumes et au maquillage exagéré, mais des Américaines BCBG de l'époque, des femmes au foyer middle class aux allures de parfaites maîtresses de maison. Qui sont ces hommes travestis qui domptèrent leurs peurs et sortirent de leur solitude pour satisfaire leur quête d'identité ? Où trouvèrent-ils refuge, à l'abri des conventions ?

Pour répondre à ces questions, l'historienne de la photographie Isabelle Bonnet – commissaire de l'exposition Casa Susanna avec Sophie Hackett, conservatrice au musée des Beaux-Arts de l'Ontario – se lance dans une grande enquête. Au fur et à mesure de ses recherches, elle remonte le fil jusqu'à la Casa Susanna, une maison en bois perdue dans une nature sauvage au pied des monts Catskill, à deux heures de route de New York. C'est depuis ce lieu ultrasecret que, en plein maccarthysme, dans l'Amérique réactionnaire du code Hays et des ségrégations raciales, sexuelles et politiques, Susanna (de son vrai nom Tito Arriagada) et sa femme, Maria, célèbre perruquière de la Ve Avenue, animèrent le tout premier réseau clandestin de travestis.

À LIRE AUSSICe qu'il ne faut absolument pas manquer aux Rencontres d'Arles

Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, la question de la [...] Lire la suite