« Cartes sur table » : à portée de « clash »

« Cartes sur table », l'émission politique culte.  - Credit:BOCCON-GIBOD/SIPA / SIPA / BOCCON-GIBOD/SIPA
« Cartes sur table », l'émission politique culte. - Credit:BOCCON-GIBOD/SIPA / SIPA / BOCCON-GIBOD/SIPA

Chaque nouvelle émission politique essaie de réinventer la roue. On promet plus de débats, plus de « show », plus de sérieux aussi, plus d'authenticité, plus de proximité. Les producteurs de télévision oublient que tout a été inventé en 1977. L'arrivée de Valéry Giscard d'Estaing et sa volonté de « décrisper » la France se traduit aussi à la télévision. L'ORTF a été dynamitée et TF1, Antenne 2 et la troisième chaîne vont pouvoir se disputer le choix des téléspectateurs. Tout un tas d'émissions sont mises en place. La politique aura la sienne : Cartes sur table. À la tête de ce programme mensuel, diffusé le mercredi soir, deux jeunes éminents journalistes doivent conduire le débat. Alain Duhamel, chroniqueur sur Europe 1 et modérateur du débat Giscard-Mitterrand de 1974, et Jean-Pierre Elkabbach, directeur de l'information d'Antenne 2.

Ce mercredi 20 avril 1977, ils reçoivent un invité de poids : le Premier ministre Raymond Barre. Le générique se lance. La musique est signée John McLaughlin et son très rock « The Way of the Pilgrim ». Les noms des animateurs et de l'invité sont annoncés à la manière d'un combat de boxe. La posture des deux journalistes est celle que l'on connaît depuis un demi-siècle. Duhamel, les deux mains sous le menton ; Elkabbach, la tête penchée sur son poing. L'émission commence.

Ce qui frappe, c'est la proximité entre le politique et ses intervieweurs. « À portée de gifles », tel a été le credo du réalisateur de l'émission, Jean Cazen [...] Lire la suite