Des capteurs de bruit expérimentés à l'Assemblée nationale pour tenter d'arrêter la cacophonie

Des capteurs de bruit ont été installés afin de mesurer les nuisances sonores dans l'hémicycle et améliorer la qualité de vie au travail.

Un, deux, trois... roi du silence. À l'Assemblée nationale, c'est le député Renaissance Robin Reda qui s'est auto-proclamé maître du jeu. Excédé par le niveau sonore du chaudron parlementaire lors de certains débats -au point qu'on n'entende même plus certains orateurs- le jeune élu de l'Essonne a imploré la présidente Yaël Braun-Pivet de faire quelque chose pour la santé auditive des parlementaires et des agents.

Demandés courant 2023, ces capteurs de bruit ont finalement été installés mercredi 15 mai dans les travées du Palais-Bourbon. "La santé auditive est un enjeu de société, l'Assemblée montre l’exemple!", s'est réjoui sur X (ex-Twitter) l'homme politique de 33 ans, également président du Conseil national du bruit, un organisme public de lutte contre les nuisances sonores.

Février 2023, les voix s'échauffent, les invectives fusent. On est en plein débat sur la réforme des retraites et la montre connectée de la députée Renaissance Patricia Lemoine s'affole.

"Environnement bruyant. Le niveau sonore atteint 90 décibels", peut-on lire sur la photo de son poignet publiée sur X. En comparaison et pour mieux comprendre ce que cela signifie: travailler sur une autoroute plusieurs heures d'affilée équivaut à 80 décibels.

Une telle exposition entraine des risques de surdité, peut provoquer des accouphènes, des migraines, ainsi que des problèmes de sommeil. À franceinfo, un élu MoDem confie que parfois, il n'hésite pas à écourter sa présence dans l'hémicycle tant le bruit est "insupportable".

Les plus exposés "au bruit et à la fureur" de l'Assemblée, prônés notamment par les élus Insoumis, pour cette législature: les huissiers qui travaillent toute la journée au milieu des cris. C'est en plaidant pour eux que le député Robin Reda a obtenu gain de cause.

Un observateur relativise toutefois le rôle des mélenchonistes dans l'augmentation du volume du chaudron parlementaire ces dernières années. "Les montées d’adrénaline viennent aussi bien de LFI et du RN que d’un Meyer Habib (LR) ou des coups de sang de Bruno Millienne (MoDem)", temporise-t-il auprès de nos collègues de l'Opinion.

Mesurer la cacophonie des débats va permettre de constater concrètement l'intensité sonore de certaines séances et d'évaluer les risques physiques auxquels s'exposent élus et agents.

En cas de dépassements récurents et prolongés des niveaux corrects de décibels, la présidente pourra par exemple appeler au calme ou modifier certaines consignes.

Un aménagement du temps de travail des huissiers pourrait également être envisagé. Et politiquement, surtout, on saura qui à babord ou à tribord, gueule le plus fort.

Article original publié sur BFMTV.com