Cannes : Catherine Corsini dénonce la misogynie des accusations qui pèsent contre elle et son film
CINÉMA - Première réaction à quelques heures de la projection. Dans un entretien accordé au Monde, Catherine Corsini et sa productrice Elisabeth Perez, également sa compagne, répondent ce mercredi 17 mai aux accusations portées contre la réalisatrice depuis la sortie du film Le Retour, en compétition pour la Palme d’or. Le long métrage a failli ne pas être présenté à Cannes face à des soupçons de « harcèlement, violences verbales et physiques » et de gestes déplacés lors du tournage.
Plusieurs membre de l’équipe de tournage ont en dénoncé des faits de harcèlement de la part de la réalisatrice, rapporte Le Parisien, ainsi que des gestes déplacés de la part de deux autres membres de l’équipe sur deux comédiennes.
Le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux avait d’abord annoncé la suppression du film de la liste officielle présentée à Cannes, le temps que le conseil d’administration examine « la situation de l’œuvre ». Faute d’éléments accablants suffisants, le Festival a confirmé la diffusion du film ce mercredi soir.
« Des hommes avec un orgueil mal placé »
Le film s’est vu privé de ses financements publics après la découverte qu’une scène explicitement sexuelle, simulée, impliquant une actrice de moins de 16 ans, n’avait pas été déclarée comme il se doit aux autorités.
Parallèlement, des dénonciations ont fait état d’un climat délétère sur le tournage, conduisant l’instance paritaire du cinéma, chargée des conditions de travail, à dépêcher une enquête et rédiger un rapport. La sélection du film à Cannes a été vertement critiquée par la CGT Spectacles et le collectif 50/50, engagé dans la lutte contre les violences et pour l’égalité hommes-femmes.
« Dans les choses qui m’ont été reprochées, je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il y a un fond de misogynie », réagit la réalisatrice de La Nouvelle Ève. « J’ai été l’une des premières à travailler avec des équipes féminines », abonde-t-elle encore, précisant qu’un seul chef de poste était un homme dans l’équipe du film. Elle estime également que certains reproches ont été pris par « des hommes avec un orgueil mal placé, parce qu’ils venaient d’une femme. »
« Les personnes qui ont mal vécu le tournage, jamais Catherine n’a haussé la voix contre eux », souligne de son côté Elisabeth Perez, rapportant uniquement « quelques disputes avec sa première assistante à propos du travail ».
« Catherine est extrêmement angoissée. Par moments, elle est éruptive » , a-t-elle reconnu, « mais elle n’est pas méchante, il n’y a pas de perversité ».
« Une forme de patriarcat »
La réalisatrice est également revenue sur une autre critique, concernant une scène érotique tournée entre deux mineurs adolescents, et impliquant l’actrice principale du film, Esther Gohourou.
« L’actrice Esther Gohourou m’a dit : ’J’en ai marre qu’on parle à ma place’, et c’est vrai que ces gens sont d’un paternalisme incroyable. Ils prennent fait et cause pour cette jeune adolescente, mais jamais ils ne vont aller lui demander la réalité de ce qu’elle vit ou ressent », poursuit Catherine Corsini qui dénonce « une forme de patriarcat ».
Se présentant comme une « militante » pour le droit des femmes, Corsini se dit enfin choquée par ces accusations : « quand je lis ce qu’on dit de moi, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une autre ». « En tant que productrice, pendant le tournage, personne n’est venu me dire qu’il se sentait mal, me parler de souffrance au travail, ni de violence verbale de la part de Catherine », la soutient sa productrice Elisabeth Perez.
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