Cancer de la prostate : le dépistage est primordial et ne passe pas forcément par un toucher rectal

Le dépistage du cancer de la prostate peut se faire dès l’âge de 40 ans.
Jaouad k / Getty Images Le dépistage du cancer de la prostate peut se faire dès l’âge de 40 ans.

SANTÉ - « Les hommes sont réticents à se faire dépister car c’est un sujet tabou. » C’est le constat que dresse Charles Dariane, chirurgien urologue de l’hôpital européen Georges Pompidou, au sujet du cancer de la prostate. Cette pathologie mortelle exclusivement masculine est le cancer le plus fréquent chez les hommes – 59 800 cas en 2018 selon Santé Publique France.

Il touche la prostate, une glande sexuelle située sous la vessie. Mais il peut être guéri s’il est repéré précocement. « Lorsqu’il y a des métastases, on pourra prolonger la vie mais sans possibilité de guérison. On souhaite le détecter pendant la fenêtre de curabilité afin de le surveiller de manière vigilante ou de le traiter, voire de l’opérer », explique l’urologue.

Pour Le HuffPost, Charles Dariane explique les différentes marches à suivre afin de dépister cette maladie qui apparaît après l’âge de 40 ans.

Un dépistage possible dès 40 ans

Contrairement à certains cancers, il n’y a pas de recommandation de dépistage généralisée. « Mais l’association française d’urologie conseille à tous les hommes de faire un premier dépistage dès 50 ans, quels que soient leurs antécédents », explique le chirurgien.

Ce dépistage peut se faire dès l’âge de 40 ans, si vous présentez des facteurs de risques, qui sont : des précédents de cancers de la prostate, du sein ou des ovaires dans la famille, ou des origines antillaises ou africaines (des populations parmi lesquelles l’incidence de la maladie est plus élevée et les formes de cancers plus agressives). Vous pouvez même vous faire dépister seulement « si vous êtes inquiet », avance l’urologue, où « si vous présentez des problèmes urinaires ou des antécédents d’infection urinaire ».

Il ne faut en revanche pas attendre de ressentir certains symptômes urinaires pour se faire dépister. Pourquoi ? Quand il est encore à un stade précoce, le cancer de la prostate ne présente aucuns symptômes. « C’est pour cela qu’on milite pour une détection précoce et pour que tous les hommes soient sensibilisés, afin qu’ils décident eux-mêmes individuellement de se faire dépister. »

Pas forcément de toucher rectal

Il y a plusieurs étapes dans le dépistage du cancer de la prostate. La première consiste à se rendre chez le médecin généraliste. Il effectue une prise de sang afin d’évaluer le dosage du PSA (Antigène Spécifique de la Prostate, une protéine naturellement produite par cet organe). Le test n’est pas suspect s’il est inférieur à trois nanogrammes par millilitre (ng/ml). Vous devrez néanmoins le refaire régulièrement, tous les deux à cinq ans selon le résultat.

Si le taux de PSA est supérieur à 3-4 ng/ml, une deuxième mesure doit ensuite se faire, souvent accompagnée d’une consultation chez l’urologue. Il réalise alors un toucher rectal afin de détecter une potentielle tumeur et d’estimer le volume de la prostate. Le taux de PSA doit ainsi être comparé au volume prostatique : le PSA attendu (le taux de base) peut varier en fonction du volume de la prostate.

Si le toucher rectal est suspect, ou si le taux de PSA est trop élevé, une IRM est prescrite. Elle permettra de confirmer s’il y a « un aspect de tumeur prostatique ». « Mais le cancer peut passer sous les radars du PSA. Il peut même être présent même si l’IRM est normale », prévient Charles Dariane.

C’est pour cela qu’une biopsie (le prélèvement d’un petit morceau de tissu afin de le faire analyser) peut être prescrite dans certains cas – si vous présentez des facteurs risques, par exemple. En revanche, il n’y a aucun moyen de repérer soi-même une anomalie au niveau de la prostate. Contrairement au cancer du sein, qui peut se remarquer grâce à une autopalpation.

Encore un tabou

Quid de l’après ? Lorsqu’une tumeur cancéreuse est détectée, elle n’est pas forcément à opérer. « C’est une maladie indolente (qui est inactive et qui évolue et se propage lentement, selon la Fondation contre le Cancer, ndlr) quand elle est détectée précocement », précise Charles Dariane.

« On peut vivre avec ce cancer. On fait de la surveillance active en refaisant le PSA six mois après et l’IRM un an après », rassure-t-il. « Dans un tiers à la moitié des cas, dans les cinq à dix ans, le cancer peut progresser en étant surveillé, sans devenir métastatique. »

En cas de progression, le cancer pourra à ce moment-là nécessiter un traitement par irradiation ou une opération. Mais « les patients qui sont traités au bout de dix ans ont ainsi gagné des années de tranquillité sur le plan sexuel ».

Car les traitements peuvent entraîner des répercussions sur la sexualité, une dysfonction érectile ou de l’incontinence. Ces conséquences alimentent le tabou autour du cancer de la prostate. Pourtant, les traitements par irradiation ou les opérations « de plus en plus robot-assistées » n’entraînent « quasiment plus d’incontinence permanente », assure Charles Dariane.

Autre raison à la réticence de certains hommes à se faire dépister : le toucher rectal. L’urologue dresse alors un parallèle : « Les femmes font des examens gynécologiques très tôt et ce n’est pas forcément agréable. Il faut que les hommes se prennent en main et aillent se faire dépister après 40/45 ans. » À bon entendeur.

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