Cameroun – Littérature : remember Mongo Beti

Mongo Beti, écrivain franco-camerounais né sous le nom d'Alexandre Biyidi Awala, pose le 25 février 1976, avec son livre « Main basse sur le Cameroun, autopsie d'une décolonisation », censuré à sa parution en 1972. Mongo Beti, né au Cameroun en 1932, a mené une carrière de romancier, essayiste, enseignant, libraire et éditeur.   - Credit:STAFF / AFP
Mongo Beti, écrivain franco-camerounais né sous le nom d'Alexandre Biyidi Awala, pose le 25 février 1976, avec son livre « Main basse sur le Cameroun, autopsie d'une décolonisation », censuré à sa parution en 1972. Mongo Beti, né au Cameroun en 1932, a mené une carrière de romancier, essayiste, enseignant, libraire et éditeur. - Credit:STAFF / AFP

Le 8 octobre 2001, alors que je me trouvais en résidence d'écriture à Aarau, en Suisse alémanique, je reçus un coup de fil de l'écrivain béninois Olympe Bhêly-Quenum : « Ta marâtre d'Afrique a encore dévoré un de ses petits… Mongo Beti est mort hier. » Le choc ! Mon corps qui frissonne ! Mes souvenirs qui reculent à la vitesse des aiguilles d'une horloge prise de folie…

1958 : j'avais 11 ans. La Guinée se préparait à l'Indépendance. Un jour, Papa me jeta dans les bras une pile de livres : « Lis-moi ça ! », me dit-il de sa voix de père africain qui ne souffre pas la discussion. Outre L'Enfant noir de Camara Laye, il y avait là Bella de Giraudoux, Premier Amour de Tourgueniev, Black Boy de Richard Wright, La Tête contre les murs d'Hervé Bazin, La Rue Cases-Nègres de Joseph Zobel, et Ville cruelle d'un certain Eza Boto qui ne signera Mongo Beti qu'à son livre suivant, Le Pauvre Christ de Bomba. Je n'avais lu jusque-là que des livres pour enfants et, tout au plus, feuilleté une ou deux anthologies. Ville cruelle fut le premier roman de ma vie. En amour comme en littérature, cela marque « la première fois ». Cela vous reste pour toujours, cela crée des liens.

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