Le Cambodge lance son propre WhatsApp : simple messagerie ou outil de surveillance ?
“Le Cambodge a désormais son propre WhatsApp”, annonce, le 27 juin, CNN, avant d’émettre une mise en garde : “Ses critiques craignent qu’il ne soit utilisé comme outil de surveillance.”
Son nom est CoolApp, et l’ancien Premier ministre Hun Sen, aujourd’hui président du Sénat, dit l’avoir adoptée. Plus encore, rapporte The Phnom Penh Post, il a encouragé l’ensemble des membres du gouvernement et des forces de l’ordre à l’utiliser, “notant qu’elle assurera la confidentialité et la protection des communications à l’intérieur du royaume en cas de perturbation d’un réseau social étranger”.
Sauf que, relève The Cambodia Daily dans sa newsletter hebdomadaire, CoolApp a été conçue par les créateurs de Fresh News, un média aux ordres du pouvoir, “connu pour avoir publié des enregistrements d’appels téléphoniques de dirigeants de l’opposition obtenus secrètement”. Interrogé par CNN, Lim Cheavutha, fondateur et PDG de CoolApp, assure que son application protège les communications grâce à un cryptage de pointe. Mais “des spécialistes de la protection de la vie privée avertissent que sans un audit indépendant, de telles affirmations sont dénuées de sens”, souligne The Cambodia Daily, média qui, voilà des années, a été fermé au Cambodge et contraint de s’exiler.
“Un mécanisme de surveillance à la chinoise”
Sous le règne de Hun Sen, au pouvoir pendant plus de trente ans, les libertés de la presse et d’expression ont enregistré de fortes régressions, rappelle CNN. “Des militants déplorent une surveillance accrue de l’État, qui a conduit à l’arrestation et à la persécution de détracteurs du gouvernement au fil des ans, ainsi qu’à la fermeture d’organes de presse et de sites web indépendants”, ajoute le média américain.
En juin 2023, Hun Sen, qui revendique 14 millions de followers sur Facebook (pour une population de 17 millions de Cambodgiens), avait failli être suspendu six mois du réseau social en raison de contenus appelant à la violence contre ses opposants, écrivait alors la BBC. Il avait alors boudé le réseau de Mark Zuckenberg et menacé de l’interdire au Cambodge, avant d’y revenir en septembre de la même année.
[...] Lire la suite sur Courrier international