Ça commence aujourd'hui - "Ces porcs doivent être mis sur le fait accompli", "Inadmissible", "Ce pays déteste les femmes", "Un exemple de courage", "On vous croit" : le numéro sur le harcèlement sexuel au travail indigne la Toile

Ce vendredi 5 avril, trois femmes ont témoigné dans Ça commence aujourd'hui sur le harcèlement sexuel qu'elles ont subi au travail. Un numéro qui a beaucoup fait réagir les internautes...

Ça commence aujourd'hui : harcelées sexuellement par leurs patrons, les témoignages des invitées du jour indignent la Toile

En France, chaque jour, de nombreuses femmes sont victimes de harcèlement sexuel. Si l’on parle beaucoup du harcèlement de rue, un autre fait rage : le harcèlement sexuel au travail. Ce vendredi 5 avril 2024, les équipes de Ça commence aujourd’hui sur France 2 se sont intéressées à ces histoires. Faustine Bollaert a ainsi recueilli les paroles courageuses de trois femmes qui ont été victimes de harcèlement au travail.

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"Moins je répondais, plus ça l'excitait"

Pour Annabel, tout a commencé lorsqu’elle occupait le poste de directrice commerciale export au sein d’un grand groupe. Pendant plus de deux ans, elle subit le harcèlement sexuel du président de ce groupe, à la réputation de "coureur". "Je n'aurais jamais pensé que ça me tomberait dessus, il me connaissait depuis mes 19 ans. J'en avais 35 ans" raconte-t-elle sur France 2. Lors d'un séminaire à New York, alors qu'elle prend la parole en public, l'homme, assis au premier rang, adresse des "gestes obscènes" à Annabel. Paniquée et déstabilisée, elle tombe devant tous les franchisés présents dans la salle : "Ça a commencé comme ça." Le même jour, le patron d'Annabel exige qu'elle soit assise à sa table, et le soir, au moment de rentrer à l'hôtel, il l'harcèle en multipliant les coups de fil.

À son retour à Paris, le portable d'Annabel est saturé de messages salaces de son patron, plus d'une centaine par jour parfois : "Moins je répondais, plus ça l'excitait. Donc il me faisait monter dans son bureau." S'ajoutent à cela les agressions physiques, comme une main sur les fesses un jour, les avances sexuelles quotidiennes. Dans "le déni" de cet harcèlement qui a duré deux ans, Annabel s'effondre au fil du temps : "J'ai perdu toute confiance en moi, je ne supportais plus qu'on me touche, qu'on me regarde. J'ai coupé mes cheveux (...) Je m'en suis voulu longtemps de ne pas avoir parlé tout de suite, mais je voulais garder mon poste."

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Après avoir finalement porté plainte contre son bourreau, Annabel apprend qu'un non-lieu est prononcé en 2017, malgré les innombrables preuves apportées : "Plus de 600 SMS, plus de 52 personnes entendues, 12 femmes qui ont vécu la même chose que moi par cette même personne, qui ont été entendues avec les mêmes preuves." En 2018, Annabel gagne une première bataille lorsque le président du groupe est démis de ses fonctions, avant d’être mis en examen pour harcèlement sexuel aggravé. Aujourd'hui, il est présumé innocent dans l'attente du procès. Mais comme elle tient à le faire savoir, Annabel dénonce désormais les conséquences injustes de sa prise de parole : "Je n'ai plus de carrière, il m'a volé ma carrière (...) Je ne sais plus où je suis, je ne sais plus qui est Annabel" a-t-elle déclaré, larmes aux yeux en déclinant les dégâts sur sa santé : "Je n'ai aucun organe qui marche correctement, je porte une perruque parce que je me suis arraché les cheveux, je me suis détruit les dents."

Pour Justine, 22 ans, l'émotion était aussi vive sur le plateau de Ça commence aujourd'hui. Serveuse dans un café, la jeune femme a également subi le harcèlement de son patron, qu'elle considérait au début comme un adulte de confiance. Pendant un an, Justine subit des agressions sexuelles et verbales. Pour Marie, qui a porté plainte contre son patron avant qu'il ne soit relaxé au bénéfice du doute, tout s'est passé derrière les fourneaux. Cuisinière, Marie a d'abord fait confiance à son patron qu'elle considérait même comme un ami. Jusqu'à la nuit où l'homme l'a agressée sexuellement, l'embrassant et la déshabillant de force. Un autre soir, les faits se répètent, tandis que Marie est paniquée mais trouve le courage de porter plainte. Malheureusement, lors du procès, ses collègues se retournent contre elle et, malgré les preuves, Marie est présentée comme la principale responsable. Du "victim blaming" en bonne et due forme.

Sur X, les témoignages d'Annabel, Justine et Marie, ont fait réagir les internautes, indignés par l'attitude de ces patrons (tous mariés) qui se pensent intouchables, mais aussi admiratifs par le courage et la force des trois invitées qui ont décidé de se battre, et de briser les tabous.

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