"Je suis: Céline Dion": on a vu le documentaire de la chanteuse, émouvant et cru
Céline Dion n'a rien voulu cacher. Dans Je suis: Céline Dion, le documentaire de la diva québécoise sur la maladie neurologique qui la tient éloignée de la scène, la superstar a pris le parti de dévoiler son combat dans ce qu'il a pu de plus difficile, de plus poignant et de plus cru.
Ce long-métrage d'Irene Taylor, attendu le 25 juin sur Prime Video, retrace la carrière de la star de 56 ans à l'aune de la maladie qui l'a brutalement interrompue au début des années 2020: le syndrome de la personne raide (SPR), trouble rarissime qui déclenche une rigidité fluctuante des muscles. Dont ceux de la gorge, amoindrissant drastiquement ses capacités vocales.
Pendant l'heure et les 42 minutes que compte le film, le spectateur assiste au nouveau quotidien de cette chanteuse qui a parcouru toutes les scènes du monde et vendu 220 millions d'albums autour du globe. Des journées qui s'écoulent au rythme d'instants de complicité avec ses trois fils (René-Charles, 23 ans, et les jumeaux Eddy et Nelson, 13 ans), de séances de kinésithérapie et de prises de médicaments. Le tout dans le luxe d'une splendide demeure de Las Vegas dont elle ne sort plus beaucoup.
La mort en 2016 de son époux René Angélil, drame déterminant des dernières années de la star, n'est que rapidement évoquée. Car c'est l'impact à la fois intime et professionnel que le SPR a eu sur la carrière de la chanteuse qui est au cœur de ce long-métrage et que Céline Dion dévoile sans concession.
Impact physique, conséquences psychologiques
Le documentaire est émaillé d'entretiens avec la chanteuse, visage nu: "L'année dernière, je suis arrivée à un point où je ne pouvais plus marcher. Je perdais mon équilibre, je souffrais beaucoup", déclare-t-elle en pleurs, avant de confier ce qui semble être sa douleur la plus vive:
"Et je n'ai pas retrouvé ma voix. La musique, ça me manque beaucoup. Mais aussi les gens. Ils me manquent."
Car Céline Dion, qui avait 13 ans à la sortie de son premier disque, a passé le plus clair de sa vie sur scène. Rien que depuis le Taking Chances World Tour, en 2008, la diva a assuré une résidence de sept ans à Las Vegas et cinq tournées supplémentaires. Le caractère cruel de cette nouvelle privation n'est rendu que plus évident par des images d'archive: "La scène, c'est le cadeau du show-business", y confie une Céline Dion plus jeune et en pleine santé. "Je pense que c'est une drogue... on ne peut pas se passer de ça."
C'est peut-être lorsqu'elle dévoile sa voix diminuée à la réalisatrice qu'elle apparaît le plus vulnérable. Après une démonstration, loin des prodiges vocaux qu'on l'a entendue réaliser sur All By Myself ou My Heart Will Go On, la diva fond en larmes:
"C'est très dur, pour moi, d'entendre ça et de te le montrer. Parce que je ne veux pas qu'on entende ça."
Que nous reste-t-il, quand tout ce sur quoi on a bâti sa vie nous échappe? C'est la question que soulève la star: "J'étais tellement douée (...) Mais c'est qui, Céline Dion? Céline Dion, c'est celle qui atteint les notes les plus hautes de l'histoire. C'est la meilleure."
Incertitude et frustration
La même déception se fait sentir lorsqu'elle entre en studio pour enregistrer Love Again, BO de la comédie romantique du même nom sortie en 2023. La star essaie, se reprend, écoute, et cache difficilement sa frustration face au rendu.
"Je suis un pommier, et les gens font la queue pour avoir des pommes", image-t-elle face à la caméra. "Les branches tombent, il y a moins de pommes, mais il y a toujours des gens qui font la queue... Et je ne veux pas qu'ils continuent à faire la queue si je n'ai pas de pommes à leur donner."
Un fan a déjà tenu à la rassurer. À la première du fim, lundi 17 juin à New York, la chanteuse a confié à son public avoir reçu un message d'un admirateur: "Nous ne sommes pas là pour les pommes. Nous sommes là pour le pommier."
Dans Je suis: Céline Dion, la chanteuse se livre entièrement, racontant même son automédication, pendant des années afin de pouvoir assurer ses concerts, avant qu'un diagnostic ne soit posé. "Une pilule de plus, deux de plus, cinq de plus, trop de pilules", compte-t-elle. "Jusqu'à 90 miligrammes de valium par jour (...) Je ne veux pas avoir l'air d'en faire des caisses, mais j'aurais pu mourir."
Sensibiliser, quitte à choquer
En janvier dernier, Céline Dion avait confié que l'un des objectifs de ce documentaire serait de "sensibiliser à cette maladie peu connue". Et pour cela, la chanteuse a été jusqu'au plus explicite: une crise, filmée telle quelle, sans musique, lors d'une séance chez son kinésithérapeute.
Une première crampe se déclare dans le pied de la chanteuse et, quelques instants plus tard, son corps entier se raidit. Les mains de la star se tordent, ses jambes se tendent à l'excès. En l'allongeant sur le côté, le professionnel dévoile le visage de la chanteuse figé dans un rictus de douleur tandis qu'elle gémit, incapable du moindre mouvement. L'équipe tente de déterminer si elle est consciente, lui administre des médicaments, évoque la possibilité d'appeler les secours.
Puis la crise se calme. Éprouvée, Céline Dion reprend ses esprits et, soudain, un miracle se produit: son kiné lance une chanson pour finir la séance et la star accompagne le morceau.
Un résumé du message de ce film, condensé dans cette séquence symbolique: Céline Dion se relève et elle n'abandonne pas. Tous ses efforts sont consacrés à retrouver la voix qui a été la sienne. Dans une récente interview à Anne-Claire Coudray, la chanteuse l'assurait: un jour, elle remontera sur scène.