Cécile Coulon au pays des choses cachées

Cécile Coulon explore le pouvoir des forces surnaturelles face aux noirceurs de l’âme humaine. - Credit:
Cécile Coulon explore le pouvoir des forces surnaturelles face aux noirceurs de l’âme humaine. - Credit:

Jamais Cécile Coulon, célébrée pour ses romans (Trois Saisons d'orage, Une bête au paradis, Seule en sa demeure…) comme pour ses recueils (Les Ronces, Noir Volcan…), n'a été plus poétesse que dans ce livre-là. La Langue des choses cachées est celle que parlent une mère et son fils, là où « les hôpitaux étaient trop loin, les médecins absents, les vieux refusaient d'être soignés autrement que par des coupeurs de feu, des guérisseurs, des rebouteux ». Leur mission est sacrée : on les appelle quand la santé vacille et quand la mort s'annonce. Ils la repoussent de leurs incantations quand ils le peuvent, la rendent plus douce quand elle est inévitable. Leur présence est un rempart, un baume, un talisman. Concentré sur une seule nuit, ce roman en forme de transe hypnotique raconte la visite du fils, dépêché par sa mère pour qui l'heure est venue de passer le flambeau, dans un hameau reculé qu'on nomme le « Fond du puits ».

Envoûtements. Ici, un homme abject, veuf d'une femme trop de fois violée, veille son petit garçon malade. « Il vivra », dit le fils au chevet du malade. Mais voilà qu'on l'appelle dans une autre maison. Là, la « langue des choses cachées » lui révèle les mystères d'un passé monstrueux, hanté de violences sexuelles. Dans ce texte-mélopée formé de phrases pures et mélodiques comme des envoûtements, Cécile Coulon explore les croyances mystiques à l'œuvre dans les terres paysannes qu'elle connaît bien – elle a grandi en Auvergne. Mais de cet hérit [...] Lire la suite