Cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 : entre la Russie et le CIO, une relation tendue depuis longtemps

La délégation russe lors de la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver de Pékin en 2022.
BEN STANSALL / AFP La délégation russe lors de la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver de Pékin en 2022.

JO DE PARIS - C’était la dernière grande décision attendue de la part du CIO vis-à-vis de la Russie aux Jeux olympiques de Paris. Le comité international olympique a annoncé mardi 19 mars que les athlètes russes et biélorusses, autorisés à concourir mais sous bannière neutre, ne participeraient pas à la cérémonie d’ouverture sur la Seine le 26 juillet. Ils pourront toutefois « vivre l’événement », a indiqué à la presse James Macleod, directeur de la Solidarité olympique au sein du CIO, sans plus de précisions. Une décision doit être annoncée ultérieurement pour la cérémonie de clôture.

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D’abord bannis de la grande majorité des compétitions sportives mondiales avec le début de la guerre en Ukraine, les sportifs russes et biélorusses ont été admis aux Jeux de Paris sur décision du CIO début décembre, sous conditions strictes : pas d’hymne, pas de drapeau, pas d’épreuves en équipes et pas d’athlète ayant « activement soutenu la guerre ». Mais si l’invasion russe en 2022 a précipité plusieurs décisions du CIO, les tensions avec la Russie remontent à plus loin.

L’affaire de dopage à Sotchi en 2014

« Il y a une levée de boucliers terrible faite par le monde, qui dit qu’il en a assez que la Russie se comporte contrairement à ce qu’exige la charte des JO », analyse Armand de Rendinger, consultant international et spécialiste de l’olympisme, interrogé ce mercredi sur franceinfo. « C’est une histoire très ancienne, qui a commencé même bien avant les problèmes de dopage », note-t-il.

La Russie est en effet au cœur de la plus grande tricherie institutionnalisée de l’histoire sportive récente, qui a culminé lors des JO de Sotchi en 2014. À la fin de cette année-là, une enquête journalistique allemande puis un rapport accablant de l’Agence mondiale antidopage (AMA) ont révélé un système de dopage orchestré au plus haut niveau de l’État, supervisé par le ministère des Sports et le laboratoire antidopage de Moscou entre 2011 et 2015.

Cette affaire avait (déjà) valu à la Russie d’être privée de son drapeau, de son hymne et de ses symboles officiels aux Jeux de Tokyo en 2021 puis aux Jeux d’hiver de Pékin l’année suivante, par une décision du Tribunal arbitral du sport. L’Agence russe antidopage reste par ailleurs suspendue jusqu’à nouvel ordre par l’AMA.

Dans une déclaration diffusée mardi, le CIO accuse encore Moscou « d’un manque total de respect pour les normes mondiales de lutte contre le dopage et l’intégrité des compétitions ». De son côté, et malgré des preuves accablantes, le Kremlin nie tout système de dopage organisé et qualifie les sanctions de mesures punitives anti-russes.

Des accusations d’instrumentalisation

Interrogé sur la présence ou non des athlètes russes à Paris, et sur un éventuel boycott de leur part au vu des restrictions qui leur sont imposées, le président du CIO Thomas Bach a indiqué au Monde n’avoir « aucun échange avec les membres du Comité olympique russe, ils sont suspendus ». « Avec le Kremlin, il n’y a pas d’échange non plus, depuis plusieurs années, compte tenu de ce qui s’est passé précédemment ».

Les tensions entre le comité olympique et la Russie se sont accentuées en 2022 avec la guerre en Ukraine, qui a poussé le CIO à prendre une panoplie de sanctions, notamment l’interdiction de toute compétition internationale sur le sol russe ainsi qu’à la Biélorussie alliée, et de tous les symboles officiels des deux pays sur les terrains et les podiums mondiaux.

L’organisation et Moscou s’accusent par ailleurs mutuellement d’instrumentaliser le sport à des fins politiques. C’est l’une des attaques formulées par le CIO à l’égard des « Jeux de l’amitié », une nouvelle compétition concurrente des JO, lancée par la Russie et prévue en septembre. L’organisation basée à Lausanne accuse le gouvernement russe de s’être lancé dans une « offensive diplomatique très soutenue » avec des « gouvernements du monde entier » pour créer cette compétition en « contournant délibérément les organisations sportives leurs pays cibles ». Une « tentative cynique » d’exploiter les athlètes « à des fins de propagande politique », assure-t-elle.

Ces critiques « démontrent à quel point le CIO (...) a basculé dans le racisme et le néonazisme », a réagi le ministère des Affaires étrangères russe ce mercredi matin. Quant à la décision d’exclure les athlètes russes et biélorusses de la cérémonie d’ouverture, il s’agit d’une nouvelle restriction « illégale, injuste et inacceptable ». « Nous sommes scandalisés par les conditions discriminatoires sans précédent imposées par le Comité international olympique aux athlètes russes », a déclaré lors d’un point presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

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