Bush contre le reste du monde

“Réitérant son opposition au protocole de Kyoto, qui vise à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Bush a déclaré, le lundi 4 juillet, sur la chaîne britannique ITV1, qu’il n’accepterait aucune mesure ‘qui ressemblerait à Kyoto’, note le Los Angeles Times. Les Etats-Unis sont le plus gros pollueur en dioxyde de carbone, mais Bush a rejeté le traité parce que ses dispositions nuiraient à l’économie américaine.” C’est donc sans Washington que le traité, dont l’objectif est de réduire de 5 % les émissions de gaz à effet de serre en 2012 par rapport aux niveaux de 1990, est entré en vigueur en février dernier.

Depuis, la position américaine ne s’est guère adoucie. Contrairement à l’initiative pour éradiquer la pauvreté en Afrique, la lutte contre le réchauffement climatique global risque de pâtir de l’intransigeance de l’administration Bush en la matière lors du sommet des huit pays les plus industrialisés, qui s’ouvre ce mercredi 6 juillet à Gleneagles, en Ecosse, et s’y déroulera jusqu’au 8 juillet. Pourtant, observe le quotidien londonien The Independent, “tous les facteurs qui rendent la vie difficile en Afrique seront encore exacerbés par le réchauffement climatique”.

Le fait que l’hôte du sommet du G8 soit le Premier ministre Tony Blair, allié indéfectible des Etats-unis en Irak, ne change rien. “Je ne considère pas que ma relation avec Tony Blair soit basée sur le donnant-donnant”, a averti le président Bush cité par le LAT. “En clair, renchérit The Independent dans un éditorial, tout espoir d’un changement fondamental de l’attitude des Etas-Unis lors du sommet est vain.” Une question centrale demeure : “Est-ce que l’Amérique peut empêcher les pays riches d’agir à propos des changements climatiques ?”

“La plus grosse pierre d’achoppement potentielle à Gleneagles réside dans l’obtention d’un accord mutuel sur le caractère scientifique du réchauffement climatique. On peut douter du fait que les Etats-Unis s’aligneront sur le consensus scientifique établissant que le réchauffement climatique lié à l’activité humaine est réel et qu’il s’agit d’une menace sérieuse pour la planète, estime The Independent. Si aucun accord n’est obtenu, les autres dirigeants du G8 ne devraient pas craindre d’isoler les Etats-Unis en adoptant une déclaration sans la participation du plus gros émetteur de gaz à effet de serre. Cela serait préférable à un texte sans consistance visant à rallier Washington.” Partisan convaincu du protocole de Kyoto, dont il reconnaît néanmoins la “quasi-obsolescence”, le quotidien de centre gauche britannique veut rester optimiste et soutient le plan en trois points proposé par la présidence britannique du G8 : développer des technologies d’économie d’énergie ; instaurer les prémisses d’un partenariat avec les pays en voie de développement exemptés des dispositions de Kyoto ; et faire reconnaître la scientificité du phénomène des changements climatiques.

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