Pour Brigitte Giraud, prix Goncourt 2022, « les mots aident à conjurer le sort »

GONCOURT - L’autrice Brigitte Giraud a remporté ce jeudi 3 novembre le Prix Goncourt avec Vivre vite (Flammarion), un retour sur l’engrenage d’événements improbables ayant mené à la mort de son mari, devenant la 13e lauréate en 120 ans d’histoire de cette récompense.

« Peut-être que les mots aident à conjurer le sort », a-t-elle réagi après l’annonce du plus prestigieux des prix littéraires francophones, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article. « L’intime n’a de sens que s’il résonne avec le collectif. (...) J’ai envie de penser que (les jurés) ont vu cette dimension beaucoup plus large qu’une simple vie intime, qu’une simple destinée ».

Dans un récit sobre et sensible qui a été tout de suite bien accueilli par la critique, l’autrice s’inspire du drame de sa vie, le 22 juin 1999 à Lyon, lorsque son mari Claude démarre trop vite à un feu, avec une moto trop puissante qui n’est pas la sienne, et tombe. Il ne s’en relèvera pas.

Un livre avec « quelque chose de tragique » qui pose la « question du destin »

La Française est la première autrice à recevoir le Goncourt depuis « Chanson douce » de Leïla Slimani en 2016. « Ce n’est pas en tant que femme que je reçois le prix, mais en tant que personne qui travaille la littérature depuis des années », a-t-elle souligné.

Peu avant, le président de l’Académie, Didier Decoin, qui a fait pencher la balance au 14e tour d’un scrutin très serré avec sa voix comptant double, avait précisé qu’il aurait voté pour cet ouvrage même s’il avait été écrit par un homme. Il l’a préféré à l’autre finaliste, Giuliano da Empoli, et son Mage du Kremlin (Gallimard), un livre « excellent », mais « plus immédiat, en prise directe avec l’actualité, moins romanesque ».

Brigitte Giraud « pose avec beaucoup de simplicité et d’authenticité la question du destin », a ajouté Didier Decoin, attablé chez Drouant, le restaurant parisien où les jurés délibèrent traditionnellement. Brigitte Giraud « est partie d’un deuil cruel qu’elle a ressenti, qui est poignant. Son livre a quelque chose de tragique », a-t-il encore relevé.

L’écrivaine succède au Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. L’Académie Goncourt poursuit un certain renouveau avec une autrice peu connue du grand public et pas habituée aux gros chiffres de vente. Lyonnaise, native d’Algérie, Brigitte Giraud a écrit une dizaine de livres, romans, essais ou nouvelles. Elle a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2007 pour le recueil « L’amour est très surestimé ». En 2019, elle a été finaliste du prix Médicis pour « Jour de courage ».

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