Brésil: Rio de Janeiro en état d'urgence face à une épidémie de dengue, alors qu'approche le carnaval

Voilà un imprévu qui pourrait dicter un autre tempo. Au Brésil, la ville de Rio de Janeiro a été déclarée en état d'urgence sanitaire en ce début de semaine en raison d'une épidémie de dengue. Un timing mal venu puisque le carnaval doit se tenir à partir de ce vendredi, et ce jusqu'au samedi 17 février.
Le maire, Eduardo Paes, a annoncé cette mesure afin d'endiguer la propagation de cette maladie transmise par les moustiques, qui provoque des symptômes semblables à ceux de la grippe et peut entraîner la mort dans les cas extrêmes, explique la chaîne CNN Brasil.

Cette épidemie suscite "une vive inquiétude" sur place, selon les mots du secrétaire municipal à la santé, Daniel Soranz, vendredi dernier. En 2024, Rio a déjà enregistré plus de 11.200 cas de dengue, selon l'observatoire épidémiologique de la ville, soit près de la moitié des contaminations pour l'ensemble de l'année passée (23.000) en à peine cinq semaines.

Rien qu'en janvier, 362 personnes ont été hospitalisées à Rio à cause de la dengue, un record qui dépasse le précédent de 2008, rapporte le média brésilien. Pour freiner sa propagation, la ville a déclaré qu'elle ouvrirait 10 centres de soins dans tout Rio et le ministère de la Santé a mis en place un centre d'urgence pour coordonner les opérations, selon Reuters.

Plus de moustiques avec El Niño

Alors que des millions de carnavaliers s'apprêtent à parader dans les rues de Rio et de célébrer les festivités pré-carême dans tout le Brésil, cette forte hausse s'expliquerait par la montée des températures, alors que de très fortes chaleurs avaient été enregistrées dans le pays, et notamment à Rio, fin 2023.

"Une chaleur record et des précipitations supérieures à la moyenne depuis l'année dernière ont augmenté les foyers de transmission par les moustiques", a déclaré mardi la ministre brésilienne de la Santé, Nísia Trindade dans un communiqué.

S'exprimant mercredi à Brasilia, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a estimé que l'épidémie était "alimentée par El Niño", un phénomène climatique qui prend naissance dans l'océan Pacifique et influence le temps à l'échelle mondiale.

Selon l'OMS, le nombre de cas de dengue dans le monde a été multiplié par huit au cours des vingt dernières années, sous l'effet de la hausse des températures et de la prolifération des saisons des pluies.

Une campagne de vaccination à l'échelle nationale

"C'est le moment d'intensifier les soins et la prévention. Il est temps que tout le Brésil s'unisse contre la dengue", a encore écrit Nísia Trindade. Rio est le troisième État à avoir déclaré une urgence de santé publique à cause de la maladie, après le Minas Gerais - deuxième État le plus peuplé - et le district fédéral, où se trouve la capitale Brasilia.

365.000 cas de dengue ont été signalés dans le pays en 2024, soit quatre fois plus qu'au cours de la même période l'année dernière, selon le ministère de la Santé. Quarante décès ont été confirmés. Par ailleurs, sur les 5 millions de cas recensés dans le monde l'an passé, près de 3 millions l'ont été au Brésil, selon les données de l'OMS.

Si bien que le pays prévoit de lancer une campagne de vaccination de masse. Il est le premier à proposer un vaccin contre la dengue dans le système de santé publique, alors que les autorités locales ont approuvé le produit en mars 2023.

"La vaccination se fera progressivement, étant donné le nombre limité de doses produites par le laboratoire de fabrication", a déclaré Nísia Trindade dans son communiqué. "Parallèlement, le ministère de la santé coordonnera un effort national visant à accroître la production et l'accès aux vaccins contre la dengue".

Le ministère prévoit de vacciner 3,2 millions de personnes en 2024, en commençant par les enfants âgés de 10 à 14 ans, avec le vaccin Qdenga du fabricant japonais Takeda.

À Brasilia, les vaccinations commenceront dès ce vendredi, tandis que le département municipal de la santé de Rio a déclaré qu'il prévoyait également de les lancer rapidement. Reste à savoir si le carnaval ne va pas accelérer les contaminations.

Article original publié sur BFMTV.com