"Le plus grand spectacle de la Terre": impressionnants défilés cette nuit au carnaval de Rio

Défilé lors du carnaval de Rio, le 19 février 2023 - MAURO PIMENTEL / AFP
Défilé lors du carnaval de Rio, le 19 février 2023 - MAURO PIMENTEL / AFP

Chars hauts comme des immeubles, percussions endiablées, orgie de plumes et de paillettes: le coup d'envoi des défilés fastueux du carnaval de Rio de Janeiro a été donné dimanche soir, faisant frémir les quelque 70.000 spectateurs du Sambodrome. "Le plus grand spectacle de la Terre", selon le maire de la "Ville merveilleuse" a débuté à 22 heures ce dimanche (heure locale).

Des millions de Brésiliens sont également scotchés devant leur télévision en pleine nuit pour assister à ce spectacle grandiose, qui a débuté par un immense char aux têtes de dragons saillantes, pour ouvrir le défilé de l'école de samba Imperio Serrano.

"Ça me donne la chair de poule"

Les gueules des dragons dorés et verts s'ouvrent et se referment grâce à un ingénieux mécanisme, tandis que des danseurs en costumes dorés sont postés sur des estrades. À l'arrière du char, à plusieurs mètres de haut, Saint Georges, patron de l'Etat de Rio de Janeiro, apparaît triomphant, une lance à la main, pour tuer les monstres.

"Je défile depuis que j'ai sept ans, mais à chaque fois que j'entre au sambodrome, c'est comme si c'était la première fois, j'ai envie de pleurer et ça me donne la chair de poule", dit Iaraci Santos, infirmière de 64 ans.

Les écoles de samba, basées pour la plupart dans des favelas, représentent la fierté de tout un quartier. Elles se préparent toute l'année pour leur grand show qui ne peut en aucun cas dépasser 70 minutes, sous peine de retrait de points de la part de jurés impitoyables.

Des milliers de personnes

Les 12 principales écoles (six défilent le dimanche, six autres le lundi) sont évaluées selon neuf critères très précis, parmi lesquels la qualité des chars, des costumes, le choix du thème ou la chorégraphie de la "comissao de frente", groupe de danseurs hors pair qui ouvrent le défilé.

Chaque formation fait défiler près de 3000 personnes sur l'avenue Marquês de Sapucai, une artère d'environ 700 mètres entourée des imposantes tribunes du sambodrome.

L'an dernier, Grande Rio avait remporté le trophée tant convoité pour la première fois de son histoire avec un défilé contre l'intolérance religieuse. Cette école de Duque de Caxias, banlieue pauvre au nord de Rio, avait mis en lumière Exu, divinité afro-brésilienne souvent diabolisée par les églises néo-pentecôtistes, fervents soutiens de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Mais cette année, les vents de la politique ont tourné, avec le retour au pouvoir de l'icône de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a promis de redonner à la culture ses lettres de noblesse, après les nombreuses coupes budgétaires et les accusations de censure sous le gouvernement précédent.

Si la nuit de Rio est marquée par la féérie des défilés au sambodrome, les premières heures de la matinée sont elles rythmées par les cortèges musicaux des "blocos" qui animent les rues de la ville, certains attirant des centaines de milliers de personnes, pour une fête débridée où l'alcool coule à flots.

De quoi remplir les caisses des commerçants: la mairie table sur 4,5 milliards de réais (environ 800 millions d'euros) injectés dans l'économie locale, avec des hôtels remplis à 95%.

Article original publié sur BFMTV.com