Le bonheur malgré tout

Comment ne pas céder à la “solastalgie” et au contraire privilégier la “symbiotude”, deux néologismes inventés par le philosophe australien Glenn Albrecht pour parler du dérèglement climatique. Le premier désigne le désarroi causé par un changement dans notre environnement ou la disparition d’un endroit qui nous prodiguait du réconfort ; le second, plus doux, expliquait Albrecht dans The Conversation en 2020, évoque le fait de “réfléchir et travailler en collaboration avec d’autres, pour renouer avec la vie”.

Renouer avec la vie, continuer d’espérer, se serrer les coudes : c’est l’idée qui sous-tend le dossier de ce numéro double, le dernier de l’année avant les fêtes. Devant la multiplication des crises, nous voulions terminer 2022 par une note d’optimisme, malgré tout.

Il ne s’agit pas pour autant d’une injonction au bonheur. Simplement, nous avons regardé ce que faisait la presse étrangère ces dernières semaines, et constaté que nous n’étions pas seuls à vouloir retrouver une certaine “légèreté”.

Face à des peurs diffuses qui s’expriment de plus en plus en Allemagne, le magazine Stern est ainsi allé à la rencontre de celles et ceux qui recueillent les craintes des autres, dans des endroits aussi variés qu’une église, un centre de dons alimentaires ou un quai de métro. On est encore loin de la légèreté mais tout proche d’une forme de résilience.

Au Québec, le bimensuel L’Actualité consacre sa une du 5 décembre à l’optimisme, la clé de voûte du bonheur, selon le magazine, qui explique que “voir la vie du bon côté, ça s’apprend”. Aux États-Unis, dans The Atlantic, un chroniqueur spécialiste du bonheur (qu’il enseigne à Harvard), nous invite à nous inspirer de Sénèque pour mieux apprécier la vie moderne. Le philosophe romain n’a pas eu une vie facile, explique Arthur Brooks. Il en a tiré des leçons, compilées dans son ouvrage De la vie heureuse, et dont The Atlantic publie un savant résumé, dont nous avons traduit des extraits.

Au Royaume-Uni, The Guardian s’interroge lui aussi sur les chemins qui mèneraient à une existence plus harmonieuse. Pour cela, il a rencontré une nonne bouddhiste pour le moins détonnante. À 77 ans, Robina Courtin a déjà eu plusieurs vies. Ancienne des Black Panthers, puis militante féministe, lesbienne radicale, elle a été ordonnée moniale bouddhiste à la fin des années 1970. Devenue une star sur les réseaux sociaux, elle affirme aujourd’hui pratiquer la compassion courageuse plutôt que la colère. Une leçon de vie à méditer.

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