Bollywood : la fabrique des demi-dieux

Les acteurs de Bollywood Deepika Padukone et Shah Rukh Khan à Bombay en septembre 2023.   - Credit:Rajanish Kakade/AP/SIPA / SIPA / Rajanish Kakade/AP/SIPA
Les acteurs de Bollywood Deepika Padukone et Shah Rukh Khan à Bombay en septembre 2023. - Credit:Rajanish Kakade/AP/SIPA / SIPA / Rajanish Kakade/AP/SIPA

Tout commence dès 1896 : moins d'un an après la première projection du cinématographe, Marius Sestier, l'opérateur employé par les frères Lumière, fait escale à Bombay alors qu'il se rend en Australie pour promouvoir la merveilleuse invention des deux Lyonnais. « Les premiers réalisateurs indiens s'emparent de la caméra dans le contexte particulier de l'Empire britannique. Ils veulent éveiller la conscience nationale et comprennent très vite que le cinéma est un outil crucial », relate Hélène Kessous, commissaire, avec Julien Rousseau, de l'exposition « Bollywood Superstars », au musée du quai Branly.

Une aventure cinématographique

Le rôle de Dadasaheb Phalke s'avère décisif dans cette aventure. L'homme est passé par ces ateliers où l'on produit en masse des images de dévotion sous la forme de lithographies. Sur les murs de l'exposition, elle scintillent et chatoient : les fidèles collent sur les images pieuses décorations, bouts d'étoffe découpés dans un sari ou bijoux improvisés. « Grâce à ces lithographies, qui sont produites par milliers, les gens peuvent avoir leurs dieux favoris à domicile, note Hélène Kessous, cela suscite un engouement intense. » Tandis que dans les salles obscures les films bibliques venus de France et d'Amérique se multiplient, Dadasaheb Phalke a une intuition fulgurante : l'Occident chrétien n'a guère que Jésus à mettre en scène là où les hindous ont des millions de dieux…

Pourquoi ne pas profiter de cette manne scénaristique ? Con [...] Lire la suite