Le maire Tremblay, Luigi Coretti, BCIA et les autres.
Difficile de comprendre toutes les ramifications et toutes les implications des déboires actuels de la Ville de Montréal. Voici donc un petit aide-mémoire pour s'y retrouver.
Tout cela a commencé avec le contrat de 355 millions de dollars accordé au consortium Génieau pour l'installation et l'entretien sur une période de 15 ans de 30 000 compteurs d'eau dans les immeubles industriels, commerciaux et institutionnels de l'île de Montréal. Soulignons que c'est Claude Trudel, leader de la majorité au Conseil municipal, un ancien député libéral membre de la clique rouge de l'Hôtel de Ville, qui a proposé de « retenir la proposition de contrat indexé de Génieau » et que Frank Zampino, le président du comité exécutif, a appuyé la proposition.
Frank Zampino reconnait ensuite avoir passé des vacances sur le yacht de Tony Accurso un des entrepreneurs participant au consortium Génieau et démissionne de son poste. Il affirme qu'il a payé pour son séjour sur le yacht, mais n'a jamais fourni les reçues.
Zampino est nommé vice-président et chef de la direction financière de la firme Dessau, partenaire d'affaires d'Accurso dans le consortium Génieau. En 2009 le contrat est annulé par le maire Tremblay. Zampino quitte Dessau pour se joindre à Construction Z2 dont il devient administrateur et actionnaire. Pour gérer un important projet résidentiel, il retient les services d'une division de Simard-Beaudry de son ami Tony Accurso dont trois entreprises se reconnaissent, entretemps, coupables de fraudes fiscales de plusieurs millions de dollars. Rappelons que Mario Taddéo le beau-frère de Tony Accurso a qui il a succédé à la tête du groupe, a été assassiné par un tueur à gages à la fin des années 80. Taddeo était proche, lui aussi, du PLQ.
Frank Zampino avait été maire de Saint-Léonard avant de devenir numéro deux de l'administration Tremblay. La firme de sécurité BCIA de Luigi Coretti a assuré pendant des années la protection de la maison de Frank Zampino à titre gracieux.
BCIA a été fondé en 1998 par Luigi Coretti qui n'avait aucune expérience dans le domaine de la sécurité. Le libéral Pietro Perrino, ami et ex-conseiller de Jean Charest, est un investisseur dans BCIA comme deux fonds d'investissement publics FIER qui ont placé 2 millions de dollars dans BCIA qui obtient rapidement d'importants contrats dont ceux de l'Agence métropolitaine de transport, des arrondissements de Saint-Léonard (maire Zampino) et de Verdun (maire Claude Trudel), de la Station d'épuration des eaux usées et de la SAQ dont Perrino est membre du conseil d'administration.
BCIA se voit aussi attribuer sur simple entente verbale la surveillance du quartier général de la police à la demande du chef du SPVM Yvan Delorme qui démissionne de son poste quelques semaines après que le gouvernement du Québec eut renouvelé son contrat pour 5 ans au printemps 2010. Il appert que des enquêteurs privés, mandatés par on ne sait trop qui, et les « affaires internes » du SPVM ont mené des investigations indépendantes sur les liens qu'entretenaient Delorme avec Luigi Coretti dans les semaines qui ont précédé sa démission.
Important donateur à la caisse du Parti libéral du Québec, Luigi Coretti est allé voir le ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis en 2008 pour lui demander son aide pour obtenir un permis de port d'arme alors que ni lui, ni sa compagnie Centurion (filiale de BCIA) n'y avaient droit. Le bureau du ministre intervient à plusieurs reprises auprès de la SQ. Coretti obtient son permis de port d'arme.
Luigi Coretti était aussi un ami personnel de l'ancien ministre libéral de la famille Tony Tomassi qui a été contraint de démissionner de son poste après avoir admis qu'il uatilisait une carte de crédit qui lui avait été donnée par le président de BCIA.
Coretti et BCIA sont maintenant en faillite. Le gouvernement Charest refuse de rendre public le rapport explosif sur BCIA effectué par la firme de juricomptables KPMG qui est à l'origine d'une des enquêtes de la Sûreté du Québec.
Parallèlement et séparément, depuis deux ans, la SQ mène cinq ou six enquêtes dans tout ce bordel alors que le contrôleur général de la ville, Pierre Reid, s'adonne à l'ouverture illégale des courriels de plusieurs des protagonistes.
Zampino a été remplacé par Claude Dauphin, un autre ancien député libéral, au poste de président du conseil municipal. Il doit lui-même se retirer de ses fonctions en attentant le résultat d'une enquête portant sur les conditions d'attribution d'un contrat à la firme Mindev dirigée par Frank Minicucci qui était, selon le journal The Gazette, jusqu'à récemment un membre du conseil de Simard-Beaudry de Tony Accurso.
Et ça tourne, et ça tourne. Et la police enquête et enquête et enquête