Blanco, Maso, Albaladejo... Le rugby français rend hommage à la légende André Boniface

Véritable monstre du rugby français et trois-quarts centre emblématique du Stade Montois et du XV de France dans les années 50 et 60, André Boniface est mort ce lundi à l’âge de 89 ans. Après son décès, les hommages se sont multipliés et notamment chez ces joueurs qui l’ont côtoyé ou qui se sont inspirés de ce "French flair" qu’il a contribué à imposer sur la scène internationale.

"C’est beaucoup de tristesse et surtout l’impression d’avoir perdu un ami. Donc voilà, même si je n’ai pas eu la chance de croiser le fer avec lui ou de faire partie de ses coéquipiers pour moi, aujourd’hui, c’est une grande tristesse parce que j’adorais André", résume Serge Blanco pour RMC Sport. "Je pense que c’était une personne hors-norme dans notre monde rugbystique."

Une icône du XV de France, un "exemple" et une "légende"

Du haut de ses 48 sélections avec le XV de France, avec notamment quatre titres dans le Tournoi des V Nations (en 1954, 1955, 1959 et 1962), André Boniface a marqué de son empreinte toute une génération de joueurs tricolores.

"Je suis bien triste et bouleversé. Il était mon ami, mon grand frère. Il était mon exemple. Pour tous les attaquants qui ont succédé à 'Dédé Boni', il était notre exemple. Il était radieux sur un terrain: ses cadrages-débordements, sa passe magnifique", regrette Jo Maso, l’ancien trois-quarts aux 25 capes chez les Bleus. "Je l'ai connu d'abord à travers tous ses matchs internationaux, commentés par Roger Couderc. André nous montrait toute la palette possible et inimaginable du trois-quarts centre. On avait tous envie de lui ressembler!"

Et Serge Blanco d’abonder: "Bien sûr, bien sûr. André c’est une véritable légende, c’est-à-dire que nous vivons aujourd’hui avec des moyens exceptionnels où on peut retracer la vie des sportifs et notamment des rugbymen, il a fait partie de ces missionnaires du rugby qui ont écrit véritablement les grandes pages de l’histoire de notre sport. Avec bien sûr des injustices, avec des moments exceptionnels où il a su transcender et transmettre certaines valeurs. Avec ces valeurs, des gars comme Jo Maso ou comme Didier Codorniou entre autres, se reconnaissent de cette famille."

Un titre de champion épique contre son ami Albaladejo

Particulièrement proche d’André Boniface, dont il est devenu un ami intime pendant leur service militaire, Pierre Albaladejo se souvient lui aussi de celui qui était "son meilleur ami et un ennemi par moments" avec une vive émotion. Après l’avoir eu au téléphone il y a peu, il ne s’attendait pas à le voir partir si rapidement et la peine lui fait même l’effet "d’un placage à retardement". Mais cela n’enlève pas tous les souvenirs vécus ensemble. Les bons, en équipe de France malgré le "caractère de cochon" d’André Boniface comme les mauvais et cette finale du championnat de France 1963 entre son équipe de Dax et le Stade Montois de 'Boni'. Un match où les amis étaient les capitaines rivaux et où André Boniface a remporté son unique titre de champion.

"C'était dans des conditions assez épouvantables. La pluie, la grêle, la capitaine adjoint de Dax André Berilhe mis K.O. par un pilier de Mont-de-Marsan. C'était pour sceller nos amitiés", se remémore encore l’ex-demi d’ouverture tricolore auprès de RMC Sport. "Le Stade Montois l'a emporté. Je n'étais pas heureux de ça parce que mon club était battu mais tant qu'à être battu, j'étais content que ce soit par un grand joueur comme lui."

Un grand joueur et même une véritable légende aux yeux de Serge Blanco: "Je pense qu'André était même de la lignée de Jean Dauger. Je pense que c'était véritablement la transition entre les centres d'autrefois et les centres modernes, parce qu'André représentait cette vision rugbystique qui lui permettait d'avoir la tête haute, de regarder tout ce qui pourrait se passer devant lui et qui était en manière de ballons hors pair et qui jouait surtout pour l'équipe et non pas uniquement que pour lui."

Article original publié sur RMC Sport