Bilal Hassani ému après l’annulation à Metz de son concert dans une ancienne église

Bilal Hassani a dû annuler son concert dans cette ancienne église désacralisée depuis 500 ans, après des menaces venant de mouvances catholiques et traditionalistes locales.

MUSIQUE - Le concert de Bilal Hassani, porte-drapeau revendiqué de la communauté LGBT, prévu ce mercredi 5 avril au soir dans une ancienne église de Metz, a été annulé après une polémique au sein des mouvances catholiques et traditionalistes locales, au grand dam de la ministre de la Culture, « choquée » par ce renoncement. Bilal Hassani a réagi, ému, à cette annulation sur le plateau de C à Vous expliquant avoir eu peur pour la sécurité de son public.

À la vue des menaces formulées à l’encontre de ce dernier et de l’artiste, Live Nation, producteur de la tournée de Bilal Hassani, a expliqué avoir décidé « avec regret, tristesse et dépit », d’annuler le spectacle qui devait se tenir dans l’ancienne église Saint-Pierre-Aux-Nonnains, aujourd’hui salle de spectacles. « Nous ne pouvons laisser un rendez-vous qui devait être un moment de joie, de partage et de fête, devenir un lieu de tension et de malveillance accrues », a indiqué Live Nation.

Face à Anne-Elisabeth Lemoine, le chanteur explique avoir dû annuler à la dernière minute par sécurité. « Il m’est arrivé plusieurs fois de recevoir des menaces et je me suis toujours porté le plus courageux possible. Mais là ça commençait à être inquiétant pour mon public », regrette-t-il.

« Il y avait un rassemblement qui allait avoir lieu devant la salle et autour, dans la ville. Ils allaient essayer peut-être de viser mes fans, mon public et c’est ce qui me terrifie le plus, ce sont des jeunes personnes qui viennent pour s’amuser, passer un bon moment », poursuit-il.

Quand Anne-Elisabeth Lemoine évoque les personnes qui reprochent à Bilal Hassani de faire de la « pornographie », ce dernier s’en défend. « Je ne fais pas de la pornographie, je fais du chant, de la musique, je chante et je danse sur scène et ça depuis toujours », assure-t-il, ajoutant que ses spectacles ont « toujours été pour tout le monde ». Et de poursuivre : « Cette tournée ne fait que commencer, c’est un peu compliqué mais on va quand même être là dans deux jours à Toulouse, on va continuer ».

Le chanteur précise encore que cela « n’a jamais été dans (s)on intention de provoquer », mais que s’il a reçu toutes ces menaces et a été obligé d’annuler son concert « c’est parce que c’est (lui) et c’est désolant ».

« Front unique contre l’extrême droite »

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak s’est dite « choquée » par cette annulation. « Face aux extrémismes, aux appels à la haine, à la violence, la culture doit rester un espace de liberté et d’émancipation », a-t-elle écrit sur Twitter.

Malgré l’annulation, quelque 150 personnes se sont rassemblées mercredi soir à Metz en soutien à Bilal Hassani scandant « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos ! ». Parmi eux, des membres des associations locales Couleurs Gaies, Les Effrontées 57 ainsi que les sections locales du NPA et de Révolution permanente.

« On fera toujours front unique contre l’extrême droite. On ne les laissera pas nous intimider mais l’État, la police ont une responsabilité par rapport à leur montée, ils laissent faire », a déploré Christian Porta, 31 ans, militant de Révolution permanente.

Opposé à ce concert, le collectif Lorraine Catholique avait hurlé à la « profanation », en pleine semaine Sainte, dans un message sur son blog largement relayé. Soutenu par Civitas, il appelait à une prière de réparation avant le concert, devant l’ancienne église, désacralisée depuis 500 ans.

Une « indignation ne repose sur rien »

Pour le groupe identitaire Aurora Lorraine, qui s’était associé aux protestations, l’annulation du concert est « une victoire ». « C’est le fruit de notre engagement, pour nous, c’est avant un message d’espoir et de motivation », a expliqué à l’AFP Léo, 23 ans, cofondateur d’Aurora Lorraine, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille.

« Il y a une certaine éthique à respecter quand on organise des concerts dans une église », a-t-il poursuivi. « Si demain le concert avait été fait dans une église avec une croix et un clocher, ça aurait scandalisé tout le monde ! À Saint-Pierre-Aux-Nonnains, il n’y en a pas, mais l’édifice s’appelle tout de même “basilique”, donc c’est une église. »

Ce à quoi le maire de Metz, François Grosdidier (ex-LR), répond : « Leur indignation ne repose sur rien : depuis cinq siècles Saint-Pierre-Aux-Nonnains n’est plus une église. C’est une salle culturelle qui fait partie de la Cité Musicale Metz ! »

Un « terrorisme intellectuel »

L’édile se désole que le producteur de Bilal Hassani « cède à une forme de terrorisme intellectuel, au détriment de la culture ». « On peut aimer ou ne pas aimer Bilal Hassani, ce qui est inadmissible c’est qu’au nom d’une idéologie on annule un concert. C’est un recul de la liberté d’expression et une concession faite à des extrémistes homophobes ».

Les associations Stop Homophobie et Mousse ont déposé plainte contre Civitas auprès du parquet de Metz pour discrimination en raison de l’identité de genre, a indiqué leur avocat, Me Etienne Deshoulières. SOS Racisme Moselle et la CGT Spectacle ont également apporté leur soutien à l’artiste dans des communiqués distincts.

De son côté, Ludovic Mendes, député Renaissance de la Moselle, « consterné » par cette annulation, a annoncé qu’il allait demander au ministre de l’Intérieur « la dissolution des groupes identitaires à l’origine de ces intimidations ».

Le prochain concert du chanteur, ex-candidat représentant la France à l’Eurovision, est prévu vendredi au Metronum à Toulouse.

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VIDÉO - La Minute de Bilal Hassani