Les bienfaits d’une “année off”

Ceux qui ont fait l’expérience d’une année sabbatique parlent de cette période comme d’“une occasion unique de comprendre le monde, se forger un esprit résilient et peut-être même tester son courage – en fait, l’année sabbatique pourrait même être considérée comme la première étape de votre carrière”. The Times a publié des témoignages de gens qui sont passés par là depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Leurs parcours vous inspireront peut-être…

  • Les années 1960 : Rosemary Barnes, aujourd’hui analyste de marché, est partie avec dix amis de l’université écossaise St Andrews en 1968. C’est avec un bus acheté environ 200 euros que le groupe est parti “à l’aventure”, en direction de Téhéran. Après avoir traversé une partie de l’Europe et surmonté plusieurs difficultés, notamment aux frontières, le voyage a pris fin à Istanbul par manque de moyens. “Nous n’avions plus d’argent, donc nous avons dû vendre notre sang – 12 euros pour 50 centilitres. Mais je savais que c’était le voyage de ma vie. J’ai retenu que, lorsqu’on vous offre une occasion, il faut la saisir”, raconte Rosemary Barnes.

  • Les années 1970 : “Le concept d’année sabbatique n’existait pas en 1975”, précise Laurence Mitchell, auteur de guides de voyage. Cette année-là, après la fin de l’université, il a commencé son périple en faisant du stop jusqu’à Genève et gagné de l’argent en jardinant. Après avoir traversé l’Espagne, il a poursuivi sa route jusqu’au Maghreb. C’est toujours en stop et au gré des rencontres que le voyage “fantastique” s’est déroulé. Il dormait dans sa tente ou chez les chauffeurs routiers avec qui il avait partagé un bout de chemin.

C’était très spontané […] On ne peut plus faire ça aujourd’hui et c’est bien dommage. Les années sabbatiques semblent plus formelles et tournent autour du confort et de la sécurité, alors que l’objectif est de sortir de sa zone de confort.

  • Les années 1980 : John Telfer, directeur non exécutif pour l’agence de voyages Hotelplan, au Royaume-Uni, a entamé son année sabbatique après ses études d’économie. Il avait toujours rêvé d’aller en Syrie, mais à l’époque, sous le régime d’Afez El-Assad, il n’était en principe pas possible d’entrer dans le pays. Pourtant, une fois arrivé en Turquie, il a demandé un visa touristique à l’ambassade de Syrie et l’a obtenu en quarante-huit heures. Puis c’est en stop qu’il s’est déplacé sans même savoir parler arabe. Il a fait du bénévolat dans une école, dans les montagnes de Lattaquié et été invité à séjourner chez un homme d’affaires pendant deux mois à Alep, avant de continuer son voyage jusqu’en Jordanie. Le périple a pris fin dans l’Hindou Kouch, chaîne de montagnes qui traverse l’Afghanistan et le Pakistan. Après cette expérience, “j’ai compris que presque tout était possible”, témoigne John Telfer.

  • Les années 1990 : Alors qu’elle ne savait pas comment démarrer sa carrière après l’obtention de son master en art, Orlanda Broom s’est tournée vers une association caritative spécialisée dans le développement durable. Son voyage avait donc un but précis : peindre les murs des écoles que l’association construisait au Belize. Elle a eu la possibilité de découvrir des aspects du pays qu’elle n’aurait pas pu voir si elle avait fait un voyage de courte durée, comme “soigner des lamantins, traquer des serpents, faire de la plongée pour étudier un récif de corail […] et travailler avec les locaux dans des écoles”. Elle explique que cette expérience l’a rendue plus courageuse, lui a permis de vaincre ses peurs et influence encore son travail artistique aujourd’hui.

  • Les années 2000 : Sanjay Aggarwal a pris la route à 18 ans à la fin du lycée à la recherche d’“indépendance et [de] liberté”. Il a acheté treize billets d’avion pour un total de 770 euros juste après les attentats du 11 Septembre. Les saveurs découvertes dans chaque pays visité, comme le Mexique, le Costa Rica, l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou la Chine, l’accompagnent encore dans sa vie professionnelle. En effet, il a fondé une dizaine d’années plus tard Spice Kitchen, une entreprise qui vend des épices en ligne.

  • Les années 2010 : Le voyage de Robyn Holberry, chargée de relations publiques, a duré un an et demi et a été interrompu par la crise sanitaire. À la fin de ses études, elle est partie avec son petit ami en Nouvelle-Zélande, traverser le pays en van. Le salaire qu’ils ont perçu pendant leur voyage en cueillant des pommes pendant trois semaines leur a permis de vivre pendant trois mois. Après la revente de leur van à leur départ, ils sont partis en Asie du Sud-Est. “Ce séjour m’a rendu bien plus confiante en ce qui concerne les voyages”, conclut Robyn Holberry.

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :