Beyoncé, Taylor Swift, Orelsan, SCH : pourquoi les artistes sortent tous les films de leur concert au cinéma

CULTURE - La musique fait son cinéma. Beyoncé, SCH, Taylor Swift, Orelsan et même Michel Polnareff… les films de concerts défilent à la chaîne dans les salles obscures. Rien qu’en 2023, il y en a eu près d’une dizaine et ce n’est pas près de s’arrêter. Le dernier en date est celui de Queen B, sorti ce vendredi 1er décembre. RENAISSANCE: A FILM BY BEYONCÉ revient sur sa tournée mondiale et mélange images des coulisses et captation de son show.

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Après la mode des documentaires sur la vie des artistes, c’est au tour des films de concerts ou « cinés musicaux » de s’imposer en France. Voir un concert en live et dans une salle de cinéma, ce n’est évidemment pas la même expérience, mais les films présentent des avantages non négligeables pour les artistes, comme pour le public, comme on vous l’explique dans la vidéo en tête d’article.

Côté artistes, c’est avant tout une nouvelle source de revenus, à une époque où le streaming rapporte beaucoup moins que la vente de CD. C’est ce qu’a expliqué Bertrand Hellio, entrepreneur musical et enseignant au CELSA et à l’ICART, dans une interview au HuffPost : « Les revenus des artistes liés à la musique enregistrée ont terriblement chuté, même pour les têtes d’affiche. Donc beaucoup d’artistes sont aujourd’hui obligés de se diversifier, avec de la musique à l’image, des opérations avec des marques et le développement de ces cinés musicaux. »

Des films qui rapportent gros aux artistes

La captation d’un concert n’a rien de nouveau. À une époque, il était même possible d’acheter le DVD directement à la sortie de la salle. « Il y a encore quelques années, le marché du DVD live était un marché assez important », rappelle Bertrand Hellio. « Il n’existe évidemment quasiment plus aujourd’hui et n’a pas été remplacé par YouTube, qui rémunère plus que mal ».

En plus de leur rapporter beaucoup d’argent, les films concerts sont aussi un gros coup de pub pour les artistes, et une façon de faire l’actualité, même en dehors d’une sortie d’album ou d’une tournée. Selon le professionnel de l’industrie musicale, c’est également un moyen pour les stars d’entretenir un lien avec leurs fans, une stratégie appelée « direct-to-fans ». « Il s’agit de fournir une sorte de contenu premium, un peu exclusif, à des fans qui sont souvent prêts à débourser des sommes importantes », précise Bertrand Hellio.

« Je pense que c’est également un excellent outil de storytelling puisque ça permet à l’artiste de maîtriser son image », ajoute-t-il. Pas question de montrer les potentiels couacs sur scène, ou les malaises dans le public. Les images sont léchées et le propos soigneusement contrôlé. « On n’est plus vraiment dans l’information, c’est de la communication », confirme Bertrand Hellio.

Une place moins chère que pour un vrai concert

Mais pour les fans, quel est l’intérêt de payer 20 euros pour voir un concert sur un écran ? Déjà, le prix. Les places de concert coûtent de plus en plus cher. En 2023, leur tarif a augmenté de 10 % en moyenne par rapport à 2019, d’après le Centre national de la musique. Pour les stades, ça monte même à 23 % pour les places les plus élevées.

Même pour ceux qui peuvent se le payer, encore faut-il réussir à acheter un billet. Le Eras Tour de Taylor Swift et le Renaissance Tour de Beyoncé ont prouvé que cela devient très compliqué. Il faut être présélectionné pour accéder à la vente, patienter des heures en file d’attente, sans compter le risque que Ticketmaster crash face à la demande. Aller voir le concert au cinéma offre une solution de rattrapage.

Certains peuvent aussi préférer le confort d’une salle de projection plutôt qu’être loin de la scène dans un immense stade, où le son n’est pas toujours optimal. « Les stades ne sont pas faits pour accueillir des concerts. Même s’ils sont plus optimisés grâce aux nouvelles technologies, le son est rarement bon », affirme Bertrand Hellio. Au cinéma, la qualité sonore est bien meilleure car « toutes les imperfections ont été gommées ».

« Il y a aussi des personnes qui se sentent aussi mal à l’aise dans les foules », note-t-il. Et après tout, aller à un concert revient parfois à le regarder sur un écran, entre les smartphones qui filment et le fait de ne rien voir de loin à part l’écran géant.

Une expérience conviviale au cinéma

Ce n’est pas non plus la même expérience que de regarder un concert seul chez soi à la télé. Les fans viennent en groupes, déguisés, et passent la séance à chanter et danser. « C’est un modèle hybride entre le live et le live stream », estime Bertrand Hellio. « On est dans un environnement plus intime que les salles de concert, mais c’est un événement plus collectif qu’un live stream ».

La tendance des cinés musicaux trouve son public en France, mais plus doucement qu’aux États-Unis. Le film The Eras Tour de Taylor Swift n’a par exemple fait que 64 000 entrées dans l’Hexagone, alors qu’il est resté plusieurs semaines en tête du box-office américain. Sans s’inquiéter de ce « temps de décalage », Bertrand Hellio estime que le phénomène n’en est qu’à ses débuts.

Selon lui, « des organisateurs et organisatrices de festivals pensent en ce moment à cet éventuel prolongement de leur expérience. Il y aurait un public pour assister à quelques concerts de certains festivals dans d’autres pays, pourquoi pas même en direct ». En plus de palier l’éloignement géographique et le prix, ce dispositif pourrait plaire « pour des considérations écologiques », ainsi que « favoriser l’accès à des personnes à mobilité réduite », imagine Bertrand Hellio. Bientôt Coachella dans nos salles de cinémas ?

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