« Beatrice di Tenda », l’opéra oublié de Bellini

Tamara Wilson en Beatrice di Tenda, dans l'opéra de Bellini.  - Credit:FRANCK FERVILLE
Tamara Wilson en Beatrice di Tenda, dans l'opéra de Bellini. - Credit:FRANCK FERVILLE

« Quand Alexander Neef m'a appelée pour me proposer de chanter Beatrice di Tenda*, j'ai dû lui faire répéter le titre plusieurs fois, je n'en avais jamais entendu parler ! » raconte Tamara Wilson dans sa loge de l'Opéra Bastille. La soprano américaine n'est pas seule dans ce cas. Car depuis sa création houleuse en 1833 à La Fenice de Venise, on n'a plus guère donné cet opéra aux airs pourtant « entêtants et addictifs », selon le metteur en scène Peter Sellars, qui y voit une œuvre politique d'une rare puissance.

L'argument est issu de l'histoire italienne. La noble Beatrice di Tenda vit le monde des « condottieri » de la fin du XIVe siècle, au plus fort des rivalités entre duchés et villes de Lombardie et de Vénétie. Elle a hérité d'un mari défunt une énorme fortune et une armée de mercenaires. Son deuxième époux, Filippo Visconti, duc de Milan, fait main basse sur ces richesses mais ne veut pas de ses initiatives politiques. Il lui invente donc une infidélité, espérant la faire supprimer…

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Deux ans avant sa propre mort prématurée en 1835, Vincenzo Bellini fait de cette histoire sa réponse au Anna Bolena de Gaetano Donizetti (1830), écrit avec le même librettiste, Felice Romani. Au-delà de la musique, la différence profonde entre les deux œuvres tient à la différence de nature entre les deux héroïnes : l'infortunée épouse d'Henry VIII est une victime, là où Beatrice di Tenda est une meneuse d'hommes [...] Lire la suite