Barbara Olivier-Zandronis de RCI Guadeloupe réagit après avoir été écartée de l’antenne

Jordan Bardella, ici donnant une conférence de presse à Paris, le 4 décembre 2023.
MIGUEL MEDINA / AFP Jordan Bardella, ici donnant une conférence de presse à Paris, le 4 décembre 2023.

GUADELOUPE - Après avoir été écartée de l’antenne pour une interview particulièrement tendue du président du RN Jordan Bardella en fin de semaine dernière, la journaliste de la radio privée RCI Guadeloupe Barbara Olivier-Zandronis s’exprime pour la première fois.

Dans une interview donnée à Arrêts sur images ce mardi 12 décembre, elle se défend d’avoir été trop agressive dans la façon dont elle a mené cette interview d’une dizaine de minutes.

« Je n’ai pas l’habitude d’être complaisante dans mes interviews. Je sais que mon entretien avec Jordan Bardella est musclé mais je fais simplement mon travail : poser des questions factuelles à des personnalités politiques. [...] Il n’y a aucune faute professionnelle de ma part », estime-t-elle. Pour elle, « Jordan Bardella est arrivé en tongs » à la radio. « Il était clairement mal préparé sur les questions concernant les Outre-mer. »

Vendredi 8 décembre lors de l’interview sur RCI Guadeloupe, le responsable RN avait fini par demander à la journaliste : « vous avez votre carte dans quel parti politique, Madame ? », ajoutant : « vous m’agressez depuis à peu près neuf minutes en faisant les questions et les réponses ».

Barbara Olivier-Zandronis, en CDD depuis septembre, met aussi en avant la phrase prononcée par Jordan Bardella quelques jours plus tôt lors d’un meeting en Italie : « L’Europe comme hôtel cinq étoiles de l’Afrique ». « Cela m’a interpellée parce qu’elle tranche beaucoup avec l’image lisse que donne Jordan Bardella en France. Cette phrase a une connotation raciste et en tant que journaliste, elle m’a choquée. C’était important de l’interroger à ce sujet aussi », affirme-t-elle à Arrêts sur images.

« C’est une affaire interne », dit RCI Guadeloupe

Aujourd’hui, elle ne comprend pas la décision de sa direction, qui n’est « pas une sanction, mais une mesure de précaution ». « Je la vis très mal. Tout ce qui arrive est lunaire », déplore la journaliste.

Son rédacteur en chef et le directeur délégué de la radio lui ont signifié que son interview « n’était pas du journalisme », mais « militante ». « Moi, je ne suis pas une militante, je ne suis encartée dans aucun parti, je ne suis pas sympathisante non plus », répond-elle.

La direction se défend de son côté d’une sanction. Elle évoque une suspension « momentanée » de sa journaliste de la présentation « pour faire le point avec elle », selon le directeur délégué de la radio Hervé de Haro interrogé sur la chaîne locale Canal 10. Il précise que Barbara Olivier-Zandronis continue de faire des papiers et des reportages pour le média.

« L’exercice de présenter une édition phare, quand on est jeune journaliste, oui on peut se louper, ce n’est pas dramatique. C’est une affaire interne qui n’a rien à voir avec Jordan Bardella [...] techniquement, elle n’a pas réussi son exercice », commente-t-il.

Une pétition en ligne réunit près de 15 000 signatures

« Nous avons une ligne de conduite à RCI, qui est toujours la même : nous traitons tout le monde de la même façon, avec pugnacité mais avec déférence, avec des règles qui sont les nôtres (...) C’est la tonalité qui ne nous a pas convenu parce que ce n’est pas comme ça que nous menons les interviews chez nous », affirme encore Hervé de Haro.

« Il appartiendra à l’équipe d’encadrement de discuter avec elle, de faire le point avec elle, sur sa capacité et dans combien de temps (elle pourra) reprendre les éditions. Ce n’est pas le cas aujourd’hui », conclut le responsable de la principale radio des Antilles.

Son éviction de l’antenne, « c’est la liberté éditoriale de la radio, et je n’ai évidemment aucune responsabilité là-dedans, fort heureusement », a pour sa part réagi Jordan Bardella sur RMC ce mardi.

Aujourd’hui, Barbara Olivier-Zandronis peut toutefois compter sur un soutien important en ligne. Une pétition demandant son retour à l’antenne comptabilisait ce mardi plus de 14 440 signatures (sur un objectif de 15 000).

« En tenant compte du passé colonial récent de la Guadeloupe, il est essentiel que nous soutenions les journalistes qui cherchent à donner une voix à tous les aspects politiques et sociaux qui affectent notre communauté », écrit notamment Didier Jerdinier, qui a lancé cette pétition.

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