Les Balkans champions de cinéma

“Peut-être que les Balkans ne sont pas forts
en économie et en politique en général, pour ne pas parler de la corruption, mais en ce qui est du cinéma, le Sud-Est de l’Europe est
une sorte de Bundesliga” [championnat allemand de football, considéré comme le meilleur par les Yougoslaves], estime le quotidien croate Jutarnji List en résumant les
palmarès de la Berlinale.

Deux films de cette région ont été généreusement primés cette saison. Le Child’s pose [la position de l’enfant] de Calin Peter Natzer a reçu
l’Ours d’or du meilleur film
du Festival. Le documentaire-fiction du
bosniaque Danis Tanovic, Un épisode
dans la vie d’un ferrailleur
”, a été récompensé par l’Ours d’argent, ainsi que du prix du
meilleur acteur décerné au Rom Nafiz Mujic.

Le film de Danis Tanovic (déjà oscarisé
pour son No man’s land en 2001), est inspirée d’une histoire vraie sur la discrimination dont les Roms peuvent faire l’objet en Bosnie-Herzégovine. Après une fausse couche, Senada Alimanovic porte dans son ventre un fœtus mort pendant dix jours, confrontée au refus de
deux hôpitaux de la faire opérer faute de sécurité sociale. Son mari, ancien
combattant de l’Armée bosniaque qui collecte de la ferraille pour assurer la
subsistance de sa famille, se bat contre l’inhumanité d’un système médical qui
demande 500 euros pour l’intervention. Les acteurs du film sont les vrais
protagonistes du drame.

“Ce qui est fascinant dans ce film est le fait qu’il ne succombe pas à
l’exotisme propre aux films sur les Roms.
Il n’y a ni musique ni folklore. A la place, Tanovic nous fait
entrer dans leur vie, dans
un drame humain”, note Oslobodjenje de Sarajevo. Le quotidien salut “l’incroyable énergie du mari”, Nazif
Mujic, qui a été récompensé, à la surprise générale, par le prix du meilleur acteur au
Festival de Berlin.

L’hebdomadaire Slobodna Bosna souligne qu’au lieu d’être “fiers du succès du
film de Tanovic, on devrait plutôt avoir honte d’avoir presque laissé mourir
une femme qui risquait la septicémie, et d’avoir laissé Tanovic trouver tout
seul l’argent pour tourner ce film (il n’a coûté que 30 000 euros)”Le quotidien
Nezavisne novine d
e Banja Luka, cite la productrice du film, Amra Baksic
qui estime que ce film est
“important parce qu’il révèle les vrais problèmes de la Bosnie-Herzégovine et
met l’accent sur les gens qui ont rarement la parole”.

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