Baiser forcé de Rubiales : pour Pedro Sanchez les joueuses espagnoles ont donné « une leçon au monde »

En décidant de se mettre en grève tant que la direction de la fédération espagnole était maintenue, les joueuses de la Roja « ont gagné deux fois », selon le Premier ministre Pedro Sanchez.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à Madrid, le 22 août 2023, en compagnie des joueuses de l’équipe nationale féminine de football d’Espagne après leur victoire en Coupe du monde 2023 à Sydney.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à Madrid, le 22 août 2023, en compagnie des joueuses de l’équipe nationale féminine de football d’Espagne après leur victoire en Coupe du monde 2023 à Sydney.

RUBIALES - Des mots forts pour la sélection féminine. Le Premier ministre espagnol sortant Pedro Sanchez a tenu à saluer le geste symbolique des joueuses de la Roja après l’affaire du baiser forcé de Luis Rubiales.

Ce samedi 2 septembre, Pedro Sanchez a estimé que les joueuses espagnoles devenues championnes du monde avaient donné « une leçon au monde » en se mettant en grève après le baiser forcé et le refus de démissionner de leur patron Luis Rubiales, désormais suspendu et sous le coup d’une procédure en Espagne, auprès du Tribunal administratif du sport.

« Nos joueuses ont gagné deux fois : une fois sur le terrain, et ensuite en donnant une leçon au monde, une leçon d’égalité entre les hommes et les femmes », a déclaré le chef du gouvernement socialiste Pedro Sanchez lors d’un discours à Malaga. Il faisait alors référence à la décision des 23 joueuses auréolées d’un sacré mondial en Australie de ne plus porter le maillot de l’équipe nationale si la direction de la fédération de foot était maintenue.

Quelques minutes après le sacre mondial de la Roja, le 20 août à Sydney, le patron de la Fédération espagnole de foot Luis Rubiales avait en effet embrassé sur la bouche la numéro 10 Jenni Hermoso, provoquant une indignation internationale pour ce geste non consenti.

« L’Espagne est un pays féministe », a également affirmé Pedro Sanchez, parlant « des femmes qui ont décidé de ne plus se soumettre. Plus jamais. C’en est fini », en allusion au slogan scandé dans les manifestations de soutien à Jenni Hermoso.

« C’en est fini, (disent-elles) aux hommes, aux fiancés, aux maris, à leurs chefs, aux présidents de fédérations sportives. C’en est fini », a-t-il répété, évoquant une « vague inarrêtable, géante ».

Puis se demandant « si cela a fait du mal à l’image extérieure de l’Espagne », le chef du gouvernement a estimé que « non : Je crois que la marque Espagne, c’est bien la réaction exemplaire des joueuses de la sélection espagnole de foot et la réaction de la société espagnole qui a dit, se joignant à elles, ’c’en est fini’, avec toutes les conséquences que cela peut avoir, notamment pour les dirigeants ».

Un « lynchage politique et médiatique » mondial selon Rubiales

Poussé de toutes parts à la démission, Luis Rubiales avait pourtant annoncé se maintenir en fonction lors d’un discours fracassant où il avait dit qu’il n’allait pas partir « à cause d’un petit bisou consenti », et dénoncé un procès intenté par un « faux féminisme ».

« Ce que nous avons vu a été un geste inacceptable (...) et les excuses qu’il a faites sont insuffisantes » et « inadéquates », avait alors condamné Pedro Sanchez lors d’une conférence de presse.

Le soir même, les 23 joueuses de la Roja féminine, consacrées championnes du monde le 20 août, annonçaient qu’elles refusaient d’être convoquées pour la sélection tant qu’il n’y aurait pas de changement à la tête de la fédération. La FIFA, qui avait ouvert une enquête disciplinaire contre Luis Rubiales, l’a suspendu le lendemain pour 90 jours « de toute activité liée au football au niveau national et international » dans l’attente de l’avancée des procédures en cours.

Vendredi, Luis Rubiales, qui était resté silencieux depuis son discours une semaine auparavant, a martelé dans un communiqué publié par le journal El Mundo qu’il continuerait à défendre sa « seule et unique version, celle que j’ai depuis le premier instant, que je continue de défendre et que je ne changerai pas ».

Il a fustigé « un lynchage politique et médiatique sans précédent (...) non seulement au niveau national, mais également mondial ».

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