Le béret rouge de Sankara, le couvre-chef le plus politique d’Afrique

Les révolutionnaires français portaient un bonnet [phrygien] rouge. Les admirateurs de Donald Trump arborent des casquettes de base-ball floquées du slogan “Make America Great Again”.

Chez les jeunes militants d’Afrique, c’est le béret rouge qui est de rigueur – un “symbole révolutionnaire d’opposition et de résistance”, selon l’agitateur sud-africain Julius Malema.

Lors d’un meeting du parti des Combattants pour la liberté économique, dirigé par le controversé Julius Malema, à Marikana, en Afrique du Sud, en octobre 2013.. PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES
Lors d’un meeting du parti des Combattants pour la liberté économique, dirigé par le controversé Julius Malema, à Marikana, en Afrique du Sud, en octobre 2013.. PHOTO JOAO SILVA/THE NEW YORK TIMES

Les partisans de cet élu populiste [qui est régulièrement accusé de racisme et de propos haineux vis-à-vis de la communauté blanche d’Afrique du Sud], président du parti des Combattants pour la liberté économique, l’ont adopté.

Thomas Sankara, figure de la gauche panafricaine

Comme l’ont fait aussi les fans de Bobi Wine, chanteur et chef de l’opposition ougandaise, qui tente de faire tomber la dictature dans son pays [Yoweri Museveni est au pouvoir depuis 1986].

Du Ghana au Zimbabwe, les opposants au pouvoir en place enfilent des bérets de couleur.

C’est Thomas Sankara, le président marxiste du Burkina Faso, assassiné en 1987, qui a lancé la mode du fameux béret.

Malgré sa beauté saisissante, le révolutionnaire refusait, par modestie, de voir son portrait accroché aux murs.

Mais depuis sa disparition, son image est omniprésente au sein de la gauche panafricaine.

Au départ, le béret faisait simplement partie de son uniforme militaire, mais il s’est ensuite chargé d’une valeur symbolique, incarnant son admiration pour Che Guevara, auquel le Burkinabè est souvent comparé.

Des soldats burkinabè le 4 août 1985 à Ouagadougou, lors des célébrations du deuxième anniversaire de la révolution victorieuse menée par Thomas Sankara. . PHOTO DANIEL LAINE/AFP
Des soldats burkinabè le 4 août 1985 à Ouagadougou, lors des célébrations du deuxième anniversaire de la révolution victorieuse menée par Thomas Sankara. . PHOTO DANIEL LAINE/AFP

Si le capitaine Ibrahim Traoré, l’instigateur du putsch au Burkina Faso l’an dernier, a repris à son compte le béret et les discours de Sankara, habituellement, ce sont plutôt les acteurs de la société civile qui portent le béret pour afficher leur dévouement à la cause.

Symbole de la lutte pour la liberté

D’autres l’arborent comme un pied de nez à l’armée et à la police. Omoyele Sowore, un militant nigérian, a ainsi choisi le béret orange pour trancher avec le modèle noir porté par les forces de l’ordre, tristement célèbres pour leur brutalité.

Des partisans de Bobi Wine, devant un hôpital de Kayunga, en Ouganda, le 1ᵉʳ décembre 2020, attendent des nouvelles de personnes blessées par la police en marge d’un meeting. Bobi Wine est le principal opposant au dictacteur Yoweri Museveni.. PHOTO SUMY SADURNI/AFP
Des partisans de Bobi Wine, devant un hôpital de Kayunga, en Ouganda, le 1ᵉʳ décembre 2020, attendent des nouvelles de personnes blessées par la police en marge d’un meeting. Bobi Wine est le principal opposant au dictacteur Yoweri Museveni.. PHOTO SUMY SADURNI/AFP

Mais cet accessoire peut aussi transformer celui qui le porte en cible de l’État. En Ouganda, certains partisans de Bobi Wine ont été condamnés par des tribunaux militaires pour port illégal d’uniforme, un crime passible de la prison à perpétuité.

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