Un avion français ciblé par la Russie en mer Baltique : ce que l’on sait
L’Atlantique-2 de la Marine nationale a été pris pour cible par la Russie alors qu’il patrouillait pour l’Otan dans le cadre de l’opération Baltic Sentry.
INTERNATIONAL - Une opération « d’intimidation », selon le ministre des Armées. Un avion de la marine française a été ciblé par un radar russe alors qu’il patrouillait au-dessus de la mer Baltique, dans la nuit du mercredi 15 au jeudi 16 janvier. L’appareil avait été mis au service de l’Otan dans le cadre d’une opération en réaction aux récentes dégradations de câbles sous-marins, dont est soupçonnée la Russie.
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Dans un post sur X ce vendredi 17 janvier, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu a précisé que l’avion avait été illuminé par « un radar de conduite de tir ». Il a dénoncé une « action agressive russe » qui « n’est pas acceptable » ainsi que des « mesures d’intimidation », avant de conclure : « nos armées continueront d’agir pour défendre la liberté de navigation dans les espaces aériens et maritimes internationaux ». Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait de cette opération.
• Ce qu’il s’est passé
L’avion qui a été visé est un Atlantic 2 de la Marine nationale. Il avait décollé mercredi depuis la Bretagne, avec un journaliste de l’AFP à son bord. L’appareil a passé près de cinq heures au large de la Suède et des pays baltes, pour mener une mission de surveillance confiée par l’Otan.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, l’appareil a été victime d’une « tentative de brouillage » ainsi que d’une « désignation par un radar de conduite de tir », selon l’armée française. Sébastien Lecornu a précisé que l’avion avait été « illuminé par le radar de conduite de tir d’un système de défense sol/air S400 ».
Le S400 est un système de défense antiaérienne et antimissile mobile russe. L’action d’illuminer son radar sur l’avion signifie qu’il a verrouillé sa cible en vue d’un tir potentiel, une étape clairement hostile qui peut être interprétée comme une menace directe.
• « Une action agressive »
« Le fait d’“illuminer” par un radar notre avion évoluant dans les eaux internationales traduit une action agressive », a expliqué à l’AFP le colonel Guillaume Vernet, porte-parole de l’état-major des armées.
La Russie a ainsi « fait savoir, de manière contenue, son hostilité », mais « le comportement professionnel de l’équipage (français) a permis d’éviter toute escalade » tout en poursuivant sa mission, a encore déclaré le colonel Vernet. L’armée russe n’avait en outre que peu d’intérêt à exécuter sa menace car « une attaque sur un avion de l’Otan peut provoquer une brusque et grave escalade avec l’Otan », a-t-il encore jugé.
• Une opération en lien avec les câbles sous-marins
L’avion de la marine française avait en été déployé dans le cadre de l’opération Baltic Sentry de l’Otan, menée en réaction aux dégradations de câbles sous-marins. Plusieurs câbles sous-marins de télécommunications et d’alimentation électrique ont été endommagés ces derniers mois dans la mer Baltique. Dirigeants européens et experts soupçonnent des actes de « guerre hybride » orchestrés par la Russie.
Le 25 décembre, le câble électrique EstLink 2, reliant la Finlande à l’Estonie, et quatre autres câbles de télécommunications ont été endommagés, quelques semaines seulement après des dommages similaires sur deux câbles de télécommunications dans les eaux suédoises. L’Eagle S, un pétrolier battant pavillon des îles Cook qui ferait partie de la « flotte fantôme » russe, est soupçonné du sabotage de ces câbles par la police finlandaise.
Lors de son vol de mercredi, l’Atlantic 2 a contrôlé environ 200 navires, essentiellement civils, mais aucun bâtiment suspect n’a été repéré.
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