« Avatar 2 » au cœur d’un appel au boycott aux États-Unis, voici pourquoi

Les personnages de Jake Sully (Sam Worthington) et Neytiri (Zoe Saldana) dans « Avatar » de James Cameron.
© 2009 Twentieth Century Fox Les personnages de Jake Sully (Sam Worthington) et Neytiri (Zoe Saldana) dans « Avatar » de James Cameron.

CINÉMA - Alors même que la suite d’Avatar bat des reccords pour son démarrage en France, mais aussi à l’étranger, le dernier blockbuster de James Cameron ne fait pas l’unanimité, comme l’ont relevé plusieurs médias anglo-saxons, dont le Los Angeles Times, ce mardi 20 décembre.

D’après le quotidien, une partie de la communauté amérindienne appelle au boycott de ce film, « horrible et raciste », pour reprendre les mots de Yuè Begay. La coprésidente de l’association Indigenous Pride LA écrit sur Twitter : « Nos cultures nous ont été enlevées de manière nuisible pour satisfaire le complexe du sauveur d’un seul homme. »

Plusieurs éléments sont pointés du doigt. En premier lieu, des propos tenus par le réalisateur dans le Guardian, en 2010, à la sortie du premier opus. « J’avais l’impression d’être 130 ans en arrière et de regarder ce que les Sioux auraient pu dire à un moment où ils étaient en train d’être massacrés et où on exigeait d’eux qu’ils s’en aillent », a déclaré James Cameron au sujet de son film.

Et d’ajouter : « Cela a été une force motrice dans l’écriture d’Avatar. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser que si les Sioux Lakota avaient eu une fenêtre temporelle, leur permettant de voir l’avenir, de voir que le taux de suicide de leurs enfants est le plus élevé de notre nation, de voir ce qu’il se passe maintenant, ils se seraient battus beaucoup plus fort. »

Des améliorations ?

Pour rappel, le premier Avatar raconte l’histoire d’un soldat humain du nom de Jake Sully envoyé par des colons pour infiltrer le peuple Na’vi afin d’en exfiltrer les ressources. Mais voilà, celui-ci sympathise avec le peuple en question et finit par se battre à leurs côtés pour empêcher la colonisation de leur terre.

Le cinéaste de 68 ans, qui a qualifié, en 2012, son film de « récit de science-fiction inspiré de l’histoire de l’Amérique du Nord et du Sud au début de la période coloniale », dit avoir entendu les critiques et avoir apporté des améliorations dans le deuxième. « Les personnes qui ont été victimes de l’Histoire ont toujours raison, a-t-il précisé dans une interview au site britannique Unilad. Ce n’est pas à moi, qui parle du point de vue d’un homme blanc privilégié, de leur dire qu’ils ont tort. »

Les changements opérés dans la fable écolo Avatar : la voie de l’eau peinent à convaincre. Pour une jeune Maori australienne du nom de Mana Tyne, interrogée par le Washington Post, la représentation du Tā moko, un tatouage traditionnel permanent des Māoris de Nouvelle-Zélande et des îles Cook, est grossière. Ses « formes abstraites et dénuées de sens » dans le film servent plutôt le jeu de l’esthétique.

La question du casting

Pour beaucoup, l’un des principaux problèmes du premier film reste le même dans le deuxième : les personnages aux visages bleus continuent d’être joués par des personnes non issues d’une des communautés amérindiennes, alors même que le récit s’inspire encore une fois de leur histoire et de leur culture.

« C’est une forme de caricature raciste, qu’on qualifie de ’Blueface’ (en référence au film de 2009), un phénomène qui vise à s’approprier beaucoup d’éléments de cultures non-blanches, les mélanger sans discernement, de manière flagrante, tout en laissant jouer des acteurs blancs pour enfin se servir de l’argument de la fiction comme médium pour valider cette construction du monde », explique Yuè Begay sur Twitter, qui précise que c’est une combinaison de redface, de blackface et de yellowface.

James Cameron, dont les équipes ont été contactées par plusieurs médias américains, n’a pas répondu aux sollicitations et ne s’est pas exprimé sur le sujet. D’une durée de 3 h 12, son film a enregistré 1,847 million d’entrées pour ses 5 premiers jours d’exploitation, lui offrant le titre du meilleur démarrage de l’année en France et un score supérieur au premier opus.

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