Australie-France : au Mondial féminin, Hervé Renard fait revivre les joueuses évincées par Corinne Diacre

Le sourire radieux d’Eugénie Le Sommer avec les Bleues en dit long sur le changement de paradigme opéré en quelques mois par Hervé Renard pour remobiliser une équipe jusqu’alors minée par les soucis internes.
Le sourire radieux d’Eugénie Le Sommer avec les Bleues en dit long sur le changement de paradigme opéré en quelques mois par Hervé Renard pour remobiliser une équipe jusqu’alors minée par les soucis internes.

FOOTBALL - Remerciée à cinq mois du Mondial, Corinne Diacre ne peut qu’observer le parcours presque sans faute des Bleues durant le Mondial. En quart de finale, la France d’Hervé Renard affronte, ce samedi 12 août, l’un des adversaires les plus coriaces encore en lice dans cette Coupe du monde féminine 2023 : l’Australie, pays hôte de la compétition.

Arrivé à la rescousse d’une sélection plombée par des problèmes internes, l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire et entraîneur de Lille en Ligue 1 a réussi à s’imposer en quelques semaines comme le candidat idéal. Un homme à même de remobiliser des Bleues qui courent toujours derrière un premier titre mondial.

Et si Hervé Renard séduit à ce point, c’est surtout parce qu’il a permis le retour en grâce de joueuses qui étaient prêtes à ne pas disputer le Mondial si Corinne Diacre était restée aux manettes. La nomination du technicien de 54 ans a notamment marqué le retour triomphant d’Eugénie Le Sommer, la meilleure buteuse de l’histoire de l’équipe de France, boudée depuis plus de deux ans par l’ex-sélectionneuse.

Situation de crise

Février 2023. La capitaine des Bleues, Wendie Renard, lâchait une bombe en annonçant qu’elle ne serait pas du voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande sous les ordres de Corinne Diacre. « Je ne ferai malheureusement pas cette Coupe du monde dans ces conditions », expliquait-elle, évoquant à la fois vouloir « préserver [s]a santé mentale » et ne plus pouvoir « cautionner le système actuel, bien loin des exigences requises par le plus haut niveau ».

Entre les lignes, Wendie Renard lançait surtout la fronde contre la sélectionneuse, en poste depuis 2017 sans avoir décroché le moindre titre international. La défenseuse historique de l’Olympique lyonnais avait rapidement été suivie dans sa démarche par Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, deux éléments cruciaux pour l’attaque française.

Une situation inextricable qui s’était finalement conclue par l’éviction de Corinne Diacre début mars, dans un climat de doute à quelques mois du Mondial.

Le choix d’Hervé Renard, fort d’un (petit) exploit lors de la dernière Coupe du monde masculine au Qatar alors qu’il coachait l’Arabie saoudite devait donc remettre l’équipe sur le droit de chemin. Mais la greffe avec les Bleues devait impérativement prendre, et plutôt rapidement, pour éviter un désastre en Australie.

Quatre matchs pour (r)assurer

Après des débuts timides contre la Jamaïque et un pénible 0-0, l’effet Hervé Renard semble avoir pris dès le premier choc de la compétition : un France-Brésil crucial pour décrocher la première place du groupe F.

Au cours de 90 minutes maîtrisées, Eugénie Le Sommer et Wendie Renard offraient un succès nécessaire à la France. Et le retour en grâce des cadres a rapidement inspiré le reste de l’effectif.

Contre le Panama, la rencontre remportée 6-3 par les Bleues a ainsi proposé une pluie de buts, notamment pour Kadidiatou Diani, une joueuse opposée au maintien de Diacre chez les Bleues et qui revenait à peine de blessure pour la Coupe du monde. Résultat : un triplé historique pour l’attaquante de l’OL qui rejoint Just Fontaine et Kylian Mbappé parmi les seuls Français auteurs d’un triplé en Coupe du monde.

Et que dire du huitième de finale face à la surprise marocaine ? Sur leur lancée, les Françaises n’ont pas laissé le moindre espoir aux joueuses de Reynald Pedros, s’offrant quatre buts et un clean sheet. Et une fois de plus, les Bleues évincées par Diacre et opposées à elle ont brillé, à l’instar encore une fois d’Eugénie Le Sommer, autrice à 34 ans d’un doublé qui lui permet de porter son nombre de buts sous le maillot tricolore à 92. Bien loin devant le record masculin d’Olivier Giroud et ses 54 réalisations sous le maillot au coq.

La joie de Kenza Dali et Kadidiatou Diani après le deuxième but des Bleues face au Maroc en huitième de finale du Mondial en dit long sur l’ambiance collective des Françaises.
La joie de Kenza Dali et Kadidiatou Diani après le deuxième but des Bleues face au Maroc en huitième de finale du Mondial en dit long sur l’ambiance collective des Françaises.

Retrouver les sommets

À Brisbane, les Françaises ne sont plus qu’à une victoire du dernier carré, l’objectif fixé par la Fédération française de football. Un exploit qu’elles n’ont plus réalisé en Coupe du monde depuis 2011. Mais la tâche sera particulièrement ardue face à l’Australie de Sam Kerr, qui disputera ce match à domicile devant plus de 50 000 supporters des Matildas.

« C’est demain que l’histoire s’écrit. Le plus important c’est le 12 août : il faut franchir ce palier, pour aller battre la meilleure performance de l’équipe de France dans une Coupe du monde », a affirmé Hervé Renard à la veille de ce match. Une affirmation vraie à son niveau puisqu’une qualification pour les demi-finales contre l’Angleterre ou la Colombie lui assurerait un bilan plus que positif, quatre mois après son arrivée en pleine tempête.

Pour atteindre l’objectif de la « 3F », le sélectionneur français peut désormais compter sur des joueuses impliquées et totalement concentrées sur le sportif, ce qui n’était plus le cas chez les Bleues depuis de nombreux mois. Et nul doute que dans ce contexte, certaines Françaises, à l’image Eugénie Le Sommer et Wendie Renard notamment, voudront de toute façon aller aussi loin que possible pour ce qui risque d’être leur dernière Coupe du monde.

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