Au Texas, des milliers de poissons morts retrouvés sur une plage, conséquence de la chaleur

Lorsque l’eau se réchauffe, les poissons manquent d’oxygène, jusqu’à en mourir. Des dizaines de milliers de menhadens se sont ainsi échoués sur la plage de Quintana.

ENVIRONNEMENT - Les images sont impressionnantes. Depuis ce vendredi 9 juin, des dizaines de milliers de poissons s’entassent, la gueule ouverte et à l’agonie, le long de la plage de Quintana, au Texas. Les habitants du coin, habitués à venir y surfer, ont été surpris par ce sinistre spectacle et ont posté plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux.

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, la plage est jonchée de cadavres d’animaux marins. La plupart des poissons morts sont des menhadens. C’est un poisson plutôt commun, argenté, et qui vit dans l’Atlantique. C’est un des poissons les plus pêchés dans le golfe du Texas. Des cadavres de raies et de plusieurs gros animaux marins ont aussi été retrouvés.

Une eau trop chaude qui entraîne un manque d’oxygène

Alors que la plage a presque été entièrement nettoyée ce lundi 12 juin, et que les derniers cadavres de poissons continuent de s’échouer, les scientifiques du golfe ont rendu leur rapport. Selon leurs échantillons et leurs observations, cette mortalité de masse subite est due à un manque d’oxygène dans l’eau : les poissons sont morts asphyxiés.

« La mortalité des poissons a été causée par un faible taux d’oxygène » dans l’eau, écrivent-ils ainsi dans leur rapport. En effet, l’océan s’était particulièrement réchauffé, ce vendredi 9 juin, au large du comté de Brazoria. Et plus la température de l’eau augmente, moins elle contient d’oxygène disponible : une situation d’hypoxie qui peut être mortelle pour les poissons.

« Lorsque la température de l’eau dépasse 21°C, il devient difficile pour le menhaden de recevoir suffisamment d’oxygène pour survivre », indiquent sur les réseaux sociaux les responsables de plages de Quintana. Or la température de l’eau était montée au-dessus de 26°C ces derniers jours. Une situation aggravée par le fait que la mer avait été très calme depuis trois semaines. Problème : l’oxygène pénètre dans l’eau par les vagues, lorsque l’eau et l’air se rencontrent sous l’effet du vent.

Avec la conjonction de ces facteurs, les poissons n’ont plus eu la quantité d’oxygène nécessaire à leur survie. « Dans ces cas, on peut observer des poissons essayer d’obtenir de l’oxygène en remontant à la surface de l’eau tôt le matin. Certains poissons peuvent également être allongés sur le fond ou au bord de l’eau », expliquent les gestionnaires de la plage de Quintana.

Une catastrophe liée au changement climatique ?

Ce phénomène a déjà été observé au Texas, mais aussi, plus proche de chez nous, dans la Mer mineure, une lagune située au sud de l’Espagne, ou dans certains étangs en France. On se souvient par exemple des presque 10 tonnes de poissons morts retrouvées dans le lac d’Enghien-les-Bains dans le Val-d’Oise à l’été 2020, après une période de forte sécheresse et de records de chaleurs.

Ces hypoxies vont-elles devenir de plus en plus courantes alors que la surface des océans ne cesse d’enregistrer des records de chaleur ? « D’après les prévisions du GIEC, ces phénomènes d’hypoxie seront de plus en plus fréquents et plus intenses à mesure que la planète se réchauffe », rappelle Ariana Servili, chercheuse sur les effets du changement climatique sur les populations marines à l’Ifremer.

Pour autant, la France ne devrait pas connaître des marées de poissons morts similaires à celle des plages du Texas. En effet, « le golfe du Mexique est une zone déjà reconnue comme pauvre en oxygène », souligne Guy Claireaux, professeur d’écophysiologie à l’université de Bretagne occidentale. C’est en effet de cet endroit que part le courant chaud océanique du Gulf Stream, et le golfe est aussi très nourri par le Mississippi qui vient s’y jeter.

« C’est un écosystème à flux tendu en termes d’oxygène. Iil suffit d’une perturbation, humaine ou non, pour faire basculer l’équilibre », appuie Guy Claireaux, avant d’ajouter avec prudence que « le changement climatique peut-être un de ces facteurs de perturbation d’origine humaine ».

L’été dernier, la canicule marine a touché la Méditerranée et les côtes françaises. Des températures jusqu’à 6,5 °C au-dessus des normales saisonnières avaient été relevées. S’il est difficile de savoir si chaque évènement local est relié ou non au changement climatique, le GIEC est formel : les émissions de gaz à effets de serre dues aux activités humaines ont trois conséquences directes sur les océans. Elles les réchauffent, les acidifient et les appauvrissent en oxygène.

VIDÉO - Un séisme fait apparaître des milliers de poissons sur une plage aux Philippines