Au Royaume-Uni, Liz Truss ou le « chaos » pour la presse britannique

FILE PHOTO: British Prime Minister Liz Truss attends a news conference in London, Britain, October 14, 2022.  Daniel Leal/Pool via REUTERS/File Photo
POOL / REUTERS FILE PHOTO: British Prime Minister Liz Truss attends a news conference in London, Britain, October 14, 2022. Daniel Leal/Pool via REUTERS/File Photo

ROYAUME-UNI - « Chaos », « désordre », « tourmente »… Les Unes de la presse britannique, toutes orientations politiques confondues, sont sans appel pour Liz Truss, ce jeudi 20 octobre. Le sort de la Première ministre britannique, qui a dû affronter dans la soirée de mercredi la démission de sa ministre de l’Intérieur, Suella Braverman, semble plus que jamais en sursis.

Comme le souligne le Times, cette démission, qui n’est pas sans rappeler l’engrenage qui a conduit au départ de Boris Johnson, vient à nouveau frapper au cœur de la crédibilité de Truss. Le tout à l’issue d’une soirée pour laquelle même le présentateur du journal télévisé de la chaîne privée ITV, Tom Brady, a semblé manquer d’adjectifs…

« Ça a été une soirée de scènes stupéfiantes à Westminster. Avec des échos de gens malmenant, harcelant et criant contre d’autres, dans le hall du Parlement sur un supposé vote de confiance », lance Tom Brady en début de JT.

Quant au mot « chaos », il s’affiche désormais partout. « Alors que le chaos s’installe à Downing Street, la vrai question c’est qui est en responsabilité » s’interroge Skynews. « La crise britannique s’intensifie pour Truss après une journée de chaos », pointent la BBC et le Guardian ce jeudi matin. « Le gouvernement de Liz Truss secoué par une journée de chaos » ajoute à son tour The Independent.

Lâchée par ses troupes

La désormais ex-ministre Suella Braverman était une représentante de l’aile droite de la majorité conservatrice, et sa démission pourrait mettre en péril le soutien de cette partie de l’échiquier politique au gouvernement. Officiellement, il s’agit d’une démission pour une erreur personnelle - l’utilisation d’une boîte mail privée - mais la lettre départ ne manque pas d’égratigner l’exécutif britannique actuel.

Surtout, selon de nombreuses indiscrétions dans la presse, cette démission particulièrement houleuse, a failli être suivie de plusieurs autres, dont celle de la cheffe de la majorité parlementaire Wendy Morton et de son assistant Craig Whittaker.

Selon de nombreux journalistes présents à Westminster, ce dernier a même quitté le hall du parlement en lançant publiquement : « Je suis p*tain de furieux et je n’en ai plus rien à fo*tre ». C’est finalement Downing Street qui, dans la soirée, a confirmé que tous deux restaient bien à leur poste.

Un vote chaotique sur la fracturation hydraulique

Dans le cas de Wendy Morton et Craig Whittaker, ce qui a mis le feu aux poudres et déclenché leur colère n’est autre qu’un vote sur la fracturation hydraulique. Une méthode controversée qui permet l’extraction de gaz de schiste, mais qui divise y compris les conservateurs.

Si la Première ministre a eu gain de cause au moment du scrutin parlementaire, c’est au prix de scènes, là encore, digne d’un vrai bazar. Au point qu’un député travailliste, Chris Bryant, a demandé l’ouverture d’une enquête, expliquant avoir assisté à des scènes de vote forcé au sein de la majorité et de « harcèlement ».

Vraisemblablement, plusieurs députés conservateurs, dont l’ex-ministre de l’environnement Chris Skidmore, ont été tentés de mettre en échec Liz Truss sur ce vote et de le transformer en vote de confiance. Sapant donc au passage l’autorité de Wendy Morton. Auprès de Skynews, des parlementaires ont décrit des scènes de cris, de disputes et d’affrontements verbaux dans le hall de Westminster.

Plus fragilisée que jamais

Cette soirée de grande confusion a encore une fois montré les difficultés de Liz Truss à former derrière elle une majorité solide et donc sa légitimité. Cette semaine, la Première ministre avait déjà été obligée de remplacer son ministre des Finances (Kwasi Kwarteng) par un autre (Jeremy Hunt), après que les marchés ont complètement désavoué son budget.

Une situation dans laquelle Liz Truss semble désormais presque prisonnière de son parti et de son gouvernement, estime le Times. De fait, les couloirs des conservateurs bruissent aussi de nombreux « plans » pour remplacer Liz Truss, mais aucun ne semble pour l’instant tenir la corde. En face, le Labour met la pression pour des élections générales et Keir Starmer, le patron des travaillistes, s’est montré particulièrement virulent à la chambre ce mercredi. « Que fait-elle encore là ? », a-t-il lancé devant les bancs conservateurs. «Je suis une battante, pas quelqu’un qui abandonne », a martelé de son côté Liz Truss, évacuant toute démission. Wishfull thinking.

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