Au Royaume-Uni, grèves et manifs contre l’inflation se multiplient

A message board warns of travel disruption at Waterloo Station in London on August 18, 2022 as Britain's train network faced further heavy disruption in major walkouts that follow the sector's biggest strike action for 30 years already this summer. - Railway and postal staff, dockers too. Britain's workers are striking in vast numbers as decades-high inflation erodes the value of wages at a record pace. (Photo by CARLOS JASSO / AFP) (Photo by CARLOS JASSO/AFP via Getty Images)

CARLOS JASSO / AFP via Getty Images

Dans la station Waterloo à Londres, un message prévient de la grève des transports le 18 août 2022.

ROYAUME-UNI - Encore une mauvaise nouvelle pour les Britanniques. Alors que l’inflation sur un an au mois de juillet a atteint les 10,1 %, une première depuis 10 ans, le régulateur des prix de l’énergie a annoncé une hausse de 80 % des tarifs réglementés. Les Britanniques suffoquent, et le font savoir.

Le plafond de tarification autorisé va passer de 1 971 livres par an par foyer moyen à 3 549 livres à partir d’octobre, a indiqué vendredi 26 août le régulateur Ofgem. La hausse reflète l’envolée des cours mondiaux de gros du gaz depuis les déconfinements post-pandémie, et poussés à des niveaux records par les limitations de l’approvisionnement russe en gaz à destination de l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine.

Ce n’est pas fini. Le plafond tarifaire étant calculé d’après la moyenne des cours de gros du gaz sur les mois précédents, les experts s’attendent à ce qu’il soit relevé à plus de 4 000 livres en janvier et jusqu’à 6 000 livres au printemps.

Le mouvement « Don’t pay » se mobilise

Face à l’augmentation des factures a été créé le mouvement Don’t Pay - « Ne payez pas ». Les quelque 115 000 signataires de la pétition se sont engagés à ne plus payer leurs factures d’électricité à partir d’octobre si elles ne sont pas ramenées à un « niveau abordable ». Le but : forcer les entreprises à négocier pour faire baisser les prix. Mais avant d’en arriver là, les organisateurs veulent rassembler un million de personnes.

L’Ofgem, le patronat, fournisseurs et associations ont bien conscience des difficultés et appellent à une action gouvernementale immédiate pour éviter un choc « dramatique » pour les ménages modestes. Cependant, le Premier ministre conservateur Boris Johnson, sur le départ, a laissé ce dossier politiquement sensible au prochain chef de gouvernement.

La favorite pour le remplacer, la très thatchérienne Liz Truss, privilégiait jusque-là les baisses d’impôts plus que les aides directes qu’elle qualifie de « pansements ». Vendredi, elle a semblé assouplir sa position, dans une tribune au Daily Mail, affirmant que si elle entre à Downing Street elle prendra des mesures d’« aides immédiates », mais s’attaquera « aussi aux racines du problème ». En attendant l’élection du 5 septembre, le statu quo semble de mise.

Une grève massive à l’automne ?

L’inflation ne touche pas que les prix des énergies. Et alors que le pays n’est pas habitué aux mouvements sociaux d’ampleur, les grèves se multiplient ces derniers temps dans de nombreux secteurs. Quelque 1 600 chauffeurs ont été appelés à cesser le travail ce dimanche et lundi 29 août, ce dernier jour étant férié au Royaume-Uni, pour demander la hausse des salaires.

Avant eux, les dockers du plus grand port de fret du pays, Felixstowe, ont aussi protesté contre leurs salaires trop bas durant huit jours. Leur grève s’est terminée ce dimanche mais a engendré de graves perturbations dans la chaîne logistique. Les membres du syndicat Unite réclament des hausses de revenus « au moins égales au rythme de l’inflation », alors que les employeurs ont proposé 7 % selon lui. « Si nous ne parvenons pas à nos fins, il y aura davantage de grèves », a-t-il mis en garde.

Les transports du pays étaient également très affectés ces derniers jours en raison d’une grève menée par les cheminots britanniques et les conducteurs du métro de Londres. Les éboueurs en Écosse, qui ont les mêmes revendications, comptent perturber le ramassage des ordures jusqu’au mardi 30 août. A eux s’ajoutent encore les postiers du Royal mail, ainsi que les avocats.

La gronde sociale ne semble pas terminée, loin de là. Au vu d’une situation qui va de mal en pis, les deux plus gros syndicats du pays prévoient une convergence des luttes à l’automne pour protester contre l’inflation et forcer le ou la nouvelle Première ministre à agir en faveur des ménages, selon le Guardian.

À voir également aussi sur le Huffpost : Rentrée : Macron demande à ses ministres « sérieux et crédibilité »

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