Au procès d’Éric Dupond-Moretti devant la CJR pour prise illégale d’intérêt, ses avocats demandent sa relaxe
JUSTICE - « Il n’est coupable de rien ». Les avocats du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti ont réclamé sa relaxe lors du dernier jour du procès du Garde des Sceaux ce jeudi 16 novembre. La veille, l’accusation avait requis un an de prison avec sursis à l’encontre du ministre.
Éric Dupond-Moretti « n’est coupable de rien », « il a fait quoi Éric Dupond-Moretti ? » : Jacqueline Laffont et Rémy Lorrain, avocats du Garde des Sceaux ont balayé toutes les accusations sur les deux affaires qui valent au ministre une comparution devant la CJR.
#EDM : « Alors, la pression... Je vous demande de relaxer EDM car il n’est coupable de rien. Cette accusation a été fondée sur des évidences qui n’en étaient pas. Et puis, vous vous souviendrez aussi de cet homme qui met au service de l’intérêt public toute cette énergie. »
— Vincent Vantighem (@vvantighem) November 16, 2023
Le procureur général de la Cour de cassation Rémy Heitz, qui porte l’accusation au procès, a soutenu mercredi sa « conviction » que le ministre de la Justice s’était rendu coupable du délit de « prise illégale d’intérêt ». « Ces poursuites n’ont aucun sens » et l’accusation « construit ses infractions » sur des « approximations », a rétorqué Me Rémi Lorrain, quand sa consœur Jacqueline Laffont pointe « le vide sidéral de ce dossier ».
Rendue le 29 novembre, la décision pourrait conduire au départ du Garde des Sceaux en vertu d’une règle rappelée il y a quelques jours par la Première ministre Élisabeth Borne.
EDM n’a « rien à ajouter »
La première affaire dans laquelle le ministre est suspecté concerne trois magistrats du Parquet national financier (PNF) qui avaient fait éplucher les factures téléphoniques d’Éric Dupond-Moretti quand il était avocat dans le dossier de corruption dit « Bismuth », lié à l’ancien président Nicolas Sarkozy. « Acquitattor » avait dénoncé des « méthodes de barbouze », peu avant sa nomination surprise place Vendôme en juillet 2020. La seconde affaire concerne un ancien juge d’instruction, auquel il avait imputé des méthodes de « cow-boy » et contre qui il avait porté plainte au nom d’un client pour violation du secret de l’instruction.
L’accusation a affirmé la veille que le ministre avait ignoré les « alertes », « clignotants orange, rouge », et « franchi une ligne qu’il n’aurait jamais dû franchir » : ouvrir, en tant que ministre, des enquêtes administratives visant trois magistrats qu’il avait critiqués quand il était avocat.
Ce à quoi la défense de Dupond-Moretti rétorque que le ministre n’a fait que suivre les « recommandations » de ses services sur des procédures lancées par sa prédécesseure : « Du début à la fin » il « est absent du processus décisionnel », n’a « jamais donné d’instruction » assure Rémy Lorrain. Devenu ministre, « Éric Dupond-Moretti n’en avait rien à secouer » de ces affaires, « il ne s’est pas vengé ! », s’insurge-t-il encore.
À l’issue de la plaidoirie, Éric Dupond-Moretti, invité à s’exprimer une dernière fois, n’a pas souhaité le faire : « Je n’ai rien à ajouter, monsieur le président », a-t-il déclaré à la barre.
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