Au Pérou, des centaines de touristes ont dû être évacués du Machu Picchu

Depuis la destitution et l’arrestation du président Pedro Castillo, le Pérou est entré dans une profonde crise politique. Les touristes en ont fait les frais.

INTERNATIONAL - Des vacances « inoubliables ». Plusieurs centaines de touristes se sont retrouvés coincés au Machu Picchu pendant plusieurs jours à cause de la crise politique et les manifestations qui secouent le pays depuis plusieurs jours.

Quelque 500 touristes américains, français, australiens, allemands mais aussi péruviens, se sont retrouvés coincés mardi 13 décembre au pied du site du patrimoine mondial de l’humanité dans la petite ville de Aguas Calientes (ou Machu-Picchu village) : la ligne de train a été coupée par des manifestants qui protestent contre la destitution et l’incarcération le 7 décembre de l’ancien président Pedro Castillo et demande de nouvelles élections.

Or, le chemin de fer est l’unique moyen de se rendre à Aguas Calientes mais aussi d’en sortir. Les touristes se sont donc retrouvés à attendre dans l’incertitude pendant cinq jours dans des chambres d’hôtel du village sans leurs affaires, la plupart d’entre eux logeant à Cuzco, la ville impériale inca, située à 110 km.

19 morts dans les manifestations

Les autorités ont commencé par vouloir mettre en place un pont aérien avec des hélicoptères mais la pluie les en a empêchés. Samedi 17 décembre, « avec l’appui de la police et des forces armées », elles « ont pu envoyer un monorail avec de l’équipement et des hommes pour réparer » et dégager les 29 km de voie entre Piscacucho et Aguas Calientes, explique le ministre du Tourisme Luis Fernando Helguero.

Mais les ennuis ne se sont pas arrêtés là. Les cheminots n’ont pas réussi à retirer une énorme pierre trônant entre les rails, précipitée des falaises par les manifestants. Conséquence, les touristes ont dû marcher la nuit tombée quelque deux kilomètres sur les cailloux de la voie ferrée à la lumière des téléphones portables pour rejoindre les mini vans qui les attendaient pour les ramener à Cuzco.

Après le casse-tête de l’évacuation, le ministre du Tourisme croise les doigts pour que les manifestations qui ont fait 19 morts cessent et que le « tourisme puisse reprendre ». La contestation a éclaté après que Pedro Castillo a tenté de dissoudre le Parlement, qui voulait le destituer, et de gouverner par décret.

Dina Boluarte exclut de quitter le pouvoir

Après le coup de force du Parlement, qui a finalement réussi à destituer Pedro Castillo, Dina Boluarte est devenue présidente. Désormais, les manifestants exigent la libération du président, la dissolution du Parlement et des élections générales immédiates.

Dina Boluarte a déclaré samedi 17 décembre qu’elle resterait à la tête du Pérou et a demandé au Parlement d’avancer les élections générales. « Que résoudrait ma démission ? Nous allons rester ici, fermes, jusqu’à ce que le Congrès se décide à avancer les élections (...) Je demande que l’on reconsidère le vote » de vendredi, quand le Parlement s’est prononcé contre l’avancement des élections générales de 2026 à 2023, a-t-elle plaidé.

La présidente a expliqué que si les forces armées descendaient dans la rue, « c’était pour protéger » les citoyens « parce que la situation devenait incontrôlable ». Elle a dénoncé la présence de « groupes violents » organisés. « Ces groupes ne sont pas apparus du jour au lendemain, ils avaient organisé tactiquement des barrages routiers », a-t-elle souligné.

Pedro Castillo, ancien enseignant de gauche issu d’un milieu rural et modeste, a été arrêté alors qu’il tentait de rejoindre l’ambassade du Mexique pour demander l’asile. Il devait initialement être incarcéré pour sept jours, mais la justice a décidé qu’il resterait en prison pendant dix-huit mois, jusqu’en juin 2024, afin d’être inculpé de rébellion. Il encourt une peine de dix ans de prison.

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