Au Maroc, l’arganier souffre du dérèglement climatique, et les femmes aussi

Depuis vingt ans, l’huile des arganiers qui poussent dans le sud du Maroc suscite l’intérêt du secteur de la beauté international, qui en a fait un produit très recherché – une aubaine économique pour la région, laquelle lui a décerné le titre d’“or liquide”.

Aujourd’hui, cependant, les forêts d’arganiers subissent la pression des récentes sécheresses, laquelle s’exerce, par extension, sur les femmes qui en dépendent pour survivre.

En bordure du Sahara

Les routes d’Essaouira à Sidi Ifni, le long de la côte sud-ouest, et à travers la région de Souss-Massa sont bordées d’arganiers. Autrefois, cet arbre poussait dans toute l’Afrique du Nord, mais aujourd’hui on ne le trouve plus que dans le sud du Maroc ; c’est l’une des seules plantes capables de survivre dans ce climat inhospitalier en bordure du Sahara.

La forêt d’arganiers [classée “réserve mondiale de biosphère” par l’Unesco en 1998] fait partie intégrante de la vie régionale, dernière défense contre la désertification et source de nourriture et de revenus pour la population locale, en particulier les femmes.

Toutefois, la région souffre elle aussi des changements climatiques, et bon nombre de femmes qui travaillent dans la production d’huile d’argan en constatent déjà les conséquences.

Les dernières récoltes ont été moindres, et les fruits sont plus petits”, rapporte Fadwa el-Mennani, membre de la coopérative féminine Marjana, établie près d’Essaouira. Selon elle, la météo imprévisible au début de l’année a joué un rôle dans ces changements.
“On avait l’été et l’hiver le même jour, les arbres ne peuvent pas supporter de telles variations”, déplore-t-elle.

Cherif Harrouni, professeur et chercheur à l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan-II d’Agadir, étudie la forêt d’arganiers, et les résultats de ses investigations l’inquiètent.

“En soixante ans, entre 1960 et 2020, les températures ont augmenté de plus de 2 °C dans certaines régions de la forêt d’arganiers, et les précipitations ont diminué de 20 %. Avec la déforestation due à l’activité humaine, ces chiffres expliquent pourquoi la productivité de la forêt a diminué”, indique-t-il.

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