Au Japon, bientôt la fin de l’argent facile ?

Le Japon va-t-il rentrer monétairement dans le rang ? Le 28 juillet, la banque centrale du pays a annoncé sa décision de rendre “plus flexible” son contrôle de la courbe des rendements obligataires à dix ans, a rapporté le journal du pays, Asahi Shimbun.

En clair, la Banque du Japon (BOJ) va permettre que les emprunts d’État japonais puissent rapporter un peu plus, ce qui constitue un petit pas vers une normalisation de sa politique monétaire, ultra-accommodante depuis dix ans.

Plus concrètement, l’institution fixe désormais une fourchette entre −0,5 % et 0,5 % à la courbe des rendements obligataires à dix ans, alors qu’elle tolérait jusqu’ici une hausse jusqu’à 1 %.

Du fait de l’inflation qui perdure depuis plus d’un an, la pression pour que BOJ augmente les taux d’intérêt est de plus en plus forte”, explique le quotidien économique du pays Nihon Keizai Shimbun.

Ces derniers temps, la Banque du Japon faisait l’objet de critiques l’accusant même d’aggraver l’inflation avec sa politique d’argent facile. Selon le journal, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 3,3 % en juin par rapport à la même période de 2022. Ce phénomène découle en partie de la récente faiblesse du yen, qui est elle-même due à la différence des taux d’intérêt avec d’autres pays comme les États-Unis et l’Union européenne. Confrontées à l’inflation, les banques centrales de ces derniers ont considérablement augmenté leurs taux d’intérêt.

Héritage de Shinzo Abe

Héritage de la politique économique de l’ancien Premier ministre Shinzo Abe, baptisée “abenomics”, la politique monétaire ultra-accommodante avait été mise en œuvre en 2013 dans le but de sortir l’archipel de la déflation, à savoir la baisse durable des prix.

Cette batterie de mesures a permis aux entreprises du pays d’améliorer leurs résultats et de parvenir à une situation proche du plein-emploi, relève le journaliste Tomohiko Nishino sur le site de Nippon.com. Mais entre-temps la dette publique du pays a atteint 258 % de son PIB.

Le gouverneur de la banque centrale, Kazuo Ueda, en fonction depuis avril dernier, a affirmé que, malgré la décision prise ce 28 juillet, la politique monétaire ultra-accommodante était maintenue. D’autant qu’il anticipe une baisse de l’inflation pour les années 2024 et 2025. “Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir” pour réaliser son objectif, a-t-il déclaré, en évoquant une augmentation annuelle stable des prix à 2 %, selon des propos rapportés par Nihon Keizai Shimbun.

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