Au Brésil, des incendies hors normes brûlent la plus grande zone humide du monde

Un alligator brûlé dans le Pantanal, la plus grande zone humide du monde, au Brésil, le 14 juin 2024.
Ueslei Marcelino / REUTERS Un alligator brûlé dans le Pantanal, la plus grande zone humide du monde, au Brésil, le 14 juin 2024.

ENVIRONNEMENT - Tamanoirs, loutres géantes, jaguars, tatous, paresseux… Ces animaux vivent tous dans un sanctuaire de biodiversité, la plus grande zone humide de la planète, le Pantanal, au sud de l’Amazonie. Une zone située à cheval sur Brésil, Paraguay et Bolivie, et qui est en proie aux incendies avant même le début de la saison sèche. Le record de départs de feu pour un mois de juin a ainsi déjà été pulvérisé.

Du 1er janvier au 20 juin, l’Institut brésilien de recherches spatiales a recensé 2 628 foyers au Pantanal, davantage que lors du premier semestre 2020, année achevée avec le plus grand nombre d’incendies jamais enregistrés dans ce biome.

Des incendies criminels accentués par le changement climatique

« Tout porte à croire que nous sommes face à un autre événement climatique extrême, ce qui nous fait craindre pour l’avenir du biome ces prochains mois, quand la sécheresse aura atteint son apogée », s’inquiète auprès de l’AFP Claudio Angelo, membre du collectif d’ONG Observatoire du Climat.

Paulo Artaxo, physicien, professeur à l’Université de São Paulo et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) explique, lui, le contexte qui favorise ces départs de feu : « Le Pantanal, comme toute la région centrale du Brésil subit cette année une des pires sécheresses de l’histoire causée par le changement climatique. » Avant de préciser : « Mais même si nous avons constaté une forte réduction des précipitations, il est important de souligner que la plupart de ces incendies sont criminels. Ils portent gravement atteinte à l’écosystème ».

Par ailleurs, Paulo Artaxo rappelle que ces feux sont aggravés par l’expansion des terres vouées aux cultures et à l’élevage dans la région.

La sécheresse après les pluies diluviennes de mai

Pour atténuer les effets de ces incendies dévastateurs, le chercheur enjoint les autorités brésiliennes à appuyer fortement sur la pédale d’accélérateur. « Il faut mobiliser la Police fédérale, l’armée, tous les moyens dont le Brésil dispose pour dissuader les incendies volontaires, qui constituent des crimes environnementaux. Il est possible d’effectuer des contrôles en définissant des zones prioritaires, où la propension à ces incendies criminels est plus élevée », poursuit celui qui craint pour l’avenir du Pantanal.

Le Brésil a déjà été frappé par un désastre climatique sans précédent en mai, quand des inondations causées par des pluies diluviennes ont fait plus de 170 morts dans le sud du pays.

« Après les fortes pluies nous aurons la sécheresse, probablement en Amazonie et au Pantanal (...) », avait déclaré la ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, le 5 juin dernier, à l’occasion de la journée mondiale de l’environnement. Des événements extrêmes qu’elle a attribués à la « combinaison de phénomènes météorologiques comme El Niño et à l’intensification du changement climatique ». Le tout avec des conséquences désastreuses pour la planète.

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