Au Brésil, la “démonstration de force” de l’agrobusiness contre les peuples autochtones

Pour les peuples autochtones du Brésil, le coup est rude. Dans la soirée du mardi 30 mai, la Chambre des députés a approuvé, par 283 voix contre 155, une proposition de loi qui établit un “cadre temporel” à la démarcation des leurs territoires. Selon le texte, qui doit désormais être soumis au vote du Sénat, les Amérindiens auront uniquement droit aux terres qu’ils occupaient au moment de la promulgation de la Constitution de 1988.

D’après les données de la Fondation nationale des peuples indigènes (Funai), le pays compte 764 territoires autochtones, mais environ un tiers d’entre eux n’ont pas encore été homologués.

Cette décision a été fortement critiquée par les leaders autochtones, qui ont fait part de leur “inquiétude”, souligne Folha de São Paulo. Pour un représentant yanomami, le “marqueur temporel” va donner lieu “à des violations des droits des peuples amérindiens”, va conduire à “un massacre, un génocide”, et va “beaucoup fragiliser les territoires déjà démarqués”.

“Ce retour en arrière tend uniquement à provoquer le chaos au sein des territoires autochtones”, craint un autre représentant. Et de critiquer la “vision brutale” du lobby de l’agrobusiness, l’un des plus influents au sein d’un Congrès brésilien, très conservateur, qui a mené une véritable “démonstration de force”, estime Correio Braziliense. Selon ce groupe de pression, le texte apporterait “davantage de sécurité juridique” aux agriculteurs craignant une désappropriation.

Si elle est adoptée, la proposition de loi pourra également permettre “l’assouplissement de l’exploitation des ressources naturelles” minières ou hydriques au sein des territoires autochtones par des entreprises privées, remarque le quotidien dans un autre article. De quoi faire également craindre une recrudescence de la déforestation.

Le gouvernement de Lula affaibli

“Le Brésil a une longue histoire de violence contre les peuples autochtones, et c’est pour ça que tant de peuples se sont éteints. Un des moments où il y a eu le plus de déplacements forcés des peuples”, loin de leurs territoires, “a été celui de la dictature militaire [1964-1985]”, rappelle une éditorialiste d’O Globo.

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